dimanche 10 mai 2015

Elections britanniques 2015


Défaite des sondages qui parlaient d'une nouvelle Coalition (même si cela faisait déjà quelques temps que les Tories restaient en tête). Les Tories ont une majorité absolue et ils sont donc garantis de rester là jusqu'en 2020. Ils ont eu à peu près le même nombre de voix qu'en 2010 (36%) mais 24 sièges de plus - sur 650. David Cameron n'a plus besoin des Lib-dems. Ils ont même repris tout le fief historique au sud-ouest des Lib-dems avec la Cornouailles (à part Exeter, travailliste). La droite anti-européenne de l'UKIP (avec ses 12% en moyenne sur tout le territoire) n'a finalement pas gêné les Tories (on remarque que contrairement à d'autres pays européens, l'extrême droite certifiée reste groupusculaire, en dehors de cet UKIP. L'UKIP peut toujours prétendre avoir seulement un programme eurosceptique et non pas essentiellement xénophobe même si la xénophobie se retrouve assez facilement dans de nombreuses affiches). Cameron a promis un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne (où il ferait campagne pour le Oui, comme presque tous les Partis), mais cela pourrait se retourner contre eux en renforçant l'UKIP (même si le référendum passe).

Les Travaillistes sont très déçus. Leur score en voix a en fait peu changé au niveau national avec 30% mais ils ont 26 sièges de moins, et disparaissent presque d'Ecosse (à part Edinburgh sud) où ils sont remplacés par le SNP (le Parti travailliste perd même Glasgow-la-Rouge et de nombreux membres du Cabinet Fantôme). Ils gardent en gros (en dehors de l'Ecosse) des zones assez proches de 2010 : (1) le nord et l'est de Londres, (2) presque tout le sud urbanisé du Pays de Galles, (3) Birmingham et Nottingham dans les Midlands, (4) les circonscriptions urbaines du Nord, de Liverpool et Manchester au Yorkshire, Durham et le Northumberland. Voir cette carte du Telegraph qui a l'avantage d'avoir des hexagones de populations équivalentes (comme celle de 2010), ce qui relativise un peu les grandes circonscriptions rurales des Tories et les zones peu denses du SNP (sur cet article, il y a aussi la comparaison 2010/2015).



(Voir aussi chez Kieran Healy la carte des partis arrivés en deuxième position par circonscription, qui est assez intéressante pour nuancer les jugements dans un système majoritaire à un seul tour - on y voit plus nettement la position assez forte de l'UKIP dans le sud de l'Angleterre, et le fait qu'on ne devrait pas enterrer les Lib-dems trop vite)


Ed Miliband a démissionné et le nouveau leader devrait être Andy Burnham, 45 ans, député de Leigh dans la banlieue de Manchester, chargé des questions de santé dans le Cabinet fantôme. Mais une partie de l'aile droite blairiste voudrait en profiter pour le chasser comme il représenterait selon eux la même tendance sociale-démocrate que Milliband et donc un choix de "continuité" (alors que l'aile gauche le considère tout aussi compromis par son ancien soutien à Blair). On ne semble pas trop croire à un retour du frère d'Ed, David (qui est parti aux USA travailler pour la Croix Rouge après avoir été battu par Ed à la tête du Parti). D'autres noms évoqués sont Yvette Cooper (dont le mari est aussi un dirigeant important du Parti, Ed Balls, mais qui vient d'être battu - donc cela évoque certains aspects de Ségolène Royal) et Chuka Umunna (36 ans, d'origine nigériane, et avocat, ce qui crée presque trop d'analogies avec Obama).

Le Scottish National Party bondit de 6 sièges en 2010 à 56 sièges sur 59 ! Grande victoire régionale mais cela ne signifie pas qu'ils voudront reprendre tout de suite l'Indépendance. Ils deviennent le 3e Parti à la place des Libéraux-Démocrates.

 L'autre grand changement est l'effondrement des Lib-dems, qui tombent de 23% à 8% et passent de 56 sièges à 8 sièges. Ils avaient été un grand espoir en 2010 en attirant de nombreux déçus du Pseudo-Travaillisme blairiste, mais leur identité ou l'alternative qu'ils proposaient fut vite compromise. Ils ont finalement cautionné dans la Coalition des Tories une politique qui allait souvent dans le sens opposé à leurs promesses. L'exemple spectaculaire était leur promesse de supprimer ou au moins de baisser les frais d'inscription en Université, alors qu'ils ont finalement encore augmenté le maximum que les Universités pouvaient demander. Même Clegg avait dû reconnaître que c'était une trahison mais il disait seulement regretter d'avoir fait une promesse qu'il ne pouvait pas tenir. Nick Clegg ne pouvait que démissionner même s'il est l'un des derniers huit à garder son siège (Sheffield Hallam, circonscription bourgeoise du sud du Yorkshire qui est devenu un fief des Lib-Dems depuis près de 20 ans). Ironiquement, leurs sièges sont surtout basculé vers les Conservateurs plus que vers les Travaillistes, ils ont donc été punis pour être passés à droite mais pas de la manière prévue.

Pour l'instant, les favoris pour le remplacer sont soit Norman Lamb (57 ans, qui était membre du Gouvernement précédent comme Ministre des affaires sociales et incarne donc une aile plus à droite, et d'ailleurs moins europhile) soit Tim Farron (45 ans, l'actuel Président du Parti qui, lui, n'a pas participé au Gouvernement précédent et est donc considéré comme un peu plus à gauche). On parie plutôt sur Farron.

Add. Décidément, les Lib-Dems ne tirent pas les leçons de l'histoire : chaque Coalition à laquelle ils participent les fait baisser depuis un siècle.

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