samedi 28 juillet 2012

Galimafrée



  • 12 règles de construction de personnages en Légo.

  • Je ne dirai rien sur le nouveau Batman comme je ne compte pas aller le voir. Je n'aime déjà pas les Batman habituels que tout le monde adore, ce serait du vice d'aller voir celui que même les fans ont trouvé plutôt décevant (mais même le second volet, entrevu à la télévision, me donnait la nausée dans sa glorification du nihilisme du Joker).

    Beaucoup ont commenté un côté fascisant ou d'autres ont précisé que c'était plus hostile à la démocratie mais pour favoriser une monarchie ou une aristocratie, contre les deux pôles de la bourgeoisie nouveau riche et de la populace. [Et quand on voit que le site de critiques Rotten Tomatoes, pour la première fois de son histoire, a dû fermer les commentaires sur ce film parce qu'il y avait trop de Fanatiques menaçant de mort les critiques, on se dit qu'il y a peut-être un public un peu particulier attiré par l'idée d'un millionnaire qui prend son pied à tabasser en armure de cuir de la Racaille.] Amanda Marcotte tente une défense. Matthew Yglesias, plus nuancé dans son attention aux détails, trouvait que ce dernier film était au minimum hostile à la critique des inégalités, pas "fasciste" mais quand même plutôt très à droite. Mais je crains que la meilleure morale vienne du philosophe John Holbo qui trouve le film insuffisamment cohérent pour qu'on en tire la moindre leçon quelle qu'elle soit. Ce n'est même pas assez pluraliste ou dialogique pour qu'on puisse penser que cela serait intentionnel ou fait pour que le spectateur interprète sa propre signification ambiguë, c'est simplement une mosaïque hétéroclite.

  • Comment Bruce Wayne a interprété la chauve-souris.



  • C'est d'ailleurs un problème général du superhéros. Même en prétendant produire une signification sur quelque chose d'autre, le superhéros reste à propos des superhéros, à propos d'autre histoires sur les superhéros. Alan Moore avait dit dans une interview qu'il n'aimait pas tellement son épisode de Batman, The Killing Joke parce que l'histoire se contentait de dire que le Joker était fondamentalement en symbiose avec le Batman (ce que beaucoup de fans ont trouvé si incroyablement profond quand cela a été redit 20 ans après dans le film de Nolan). Or, comme le dit Moore, cela n'a aucun intérêt, cela n'a aucune signification profonde, aucune morale, c'est une constatation de fan sur le genre et qui n'a de sens que pour les fans du genre.
    I mean, Brian [Bolland] did a wonderful job on the art but I don't think it's a very good book. It's not saying anything very interesting. But at the end of the day, Watchmen was something to do with power, V for Vendetta was about fascism and anarchy, The Killing Joke was just about Batman and the Joker - and Batman and the Joker are not really symbols of anything that are real, in the real world, they're just two comic book characters.
    Les gens qui veulent défendre les superhéros disent souvent que ce sont des Métaphores. C'est vrai, sans aucun doute, mais il est assez facile de faire des métaphores. En un sens ce sont des Métaphores trop directes, des Métaphores qui crient "Je suis une Métaphore !" (en passant, j'aime beaucoup ce groupe de superhéros dans le jeu Mutants & Masterminds qui s'appelaient les "META-4" et qui au moins servaient à exprimer une critique assez radicale de l'Administration Bush). A force de prétendre avoir une "signification plus élevée", ils perdent tout sens réel et deviennent de simples conventions formelles.

    Les X-Men par exemple pouvaient être des métaphores sur l'Adolescence, puis sur le Combat des Droits civiques des Noirs, puis sur les Homosexuels. La Guerre Civile de Captain America et Iron Man était censée être sur les droits des individus. Mais les histoires sur les discriminations sur des Mutants qui peuvent détruire la planète ne seront jamais que sur des Mutants qui peuvent détruire la planète. L'analogie sera toujours assez faible avec les combats réels contre les discriminations réelles.

  • L'Epidémie de la Peste sportive. Evitez Twitter, il y aura toujours des choses sur les JO (même si je dois reconnaître que c'était drôle de lire ce député Tory débile qui s'insurgeait sur la Cérémonie d'Ouverture qu'il jugeait trop gauchiste).

    Du même dessinateur, psy du Sofa.

  • Voldemort vient bien sûr surtout du français mais on cite souvent une influence de la nouvelle d'Edgar Allan Poe sur une sorte de "zombie" Monsieur Valdemar. Mais il y a peut-être aussi une influence inconsciente de Volmar (ou Goldemar) le Roi des Nains ou des Kobolds qui apparaît notamment dans les sagas germaniques sur Theodoric.
  • 4 commentaires:

    Fabien (Monostatos) a dit…

    Merci, vous parvenez à mettre des mots sur un sentiment que j'avais depuis longtemps à propos des super-héros et qui m'empêchait d'adhérer complètement au genre.

    Rappar a dit…

    ça y est je l'ai vu!

    Effectivement, si j'étais membre de Occupy Wall Street, je serais amer au vu de la caricature présentée par le méchant, où du message "attention, petits Indignés naïfs, vous risquez d'être manipulés par de vrais terroristes". >:\

    Ceci étant, j'adore la première réplique de Bane à Wall-Street; assez percutante dans le genre anti-spéculation (de mémoire) :

    Trader : - this is the Stock Exchange. There is nothing to steal.
    Bane : - then what are you doing here?!
    (gros voleur de spéculateur, va! S'il n'y avait rien à voler tu serais ailleurs ;))

    Ce qui m'a frappé lors de l'"occupation de New York", c'est que j'avais l'impression de regarder le prequel de New-York 1997, surtout quand l'armée fait sauter les ponts et abandonne la mégapole aux bandes. ;)

    Autre curiosité, l'irruption de l'affaire de la "Fosse", le retour de la Ligue des Ombres... là, le film a basculé dans le pulp 1930's le plus kitsch. Affolant. 8D

    En conclusion donc, bien que je trouve ton premier lien le plus percutant parce qu'il nous fait voir différemment certaines scènes, le mot de la fin revient au philosophe; ;) il est vain de chercher un message dans le patchwork. - et c'est dommage.

    @Fabien : as-tu lu Watchmen? :)

    Fabien (Monostatos) a dit…

    @Rappar: oui je l'avais lu, ainsi que V pour Vendetta (après en avoir vu les films, je confesse). J'ai beaucoup apprécié l'un et l'autre justement parce qu'ils sont chargés d'un *propos*, ce que je ne retrouve pas ou très mal dans la majorité des comics (notamment tous ceux qui reposent sur un personnage central). Le propos ne fait pas tout, mais ça me semble être une partie importante de la qualité d'une oeuvre.

    Phersv a dit…

    > Fabien

    Cela dit, j'aime aussi beaucoup de comics qui jouent de manière plus naïve sur les métaphores : Alan Moore a écrit Tom Strong ou Supreme pour voir comment faire des histoires dans un cadre plus optimiste.

    Une des raisons pour lesquelles j'aime plus Superman que Batman est justement son irréalisme total comme un idéal moral. Sans être trop cynique, on peut penser que la plupart des "superhéros" réels seraient des fachos comme Rorschach et le Comédien, des mégalomanes comme Ozymandias ou au mieux des losers qui veulent régler leurs complexes comme Nite Owl mais j'aime bien l'idée d'un héros vraiment irréaliste et désintéressé.

    > Rappar
    Si je parle trop du Chevalier Noir, je vais vraiment discuter d'un film que je n'ai pas vu. Donc ce que je dis vaut plutôt sur les arguments divers vus en ligne : certains conservateurs ont dit adorer le conservatisme du film, certains de gauche ont trouvé le film horrible, certains de gauche ont jugé qu'on faisait une erreur de catégorie en le jugeant de droite.

    Une défense souvent lue (si j'ai bien compris) est que Bane, qui n'a rien de sincère, n'est pas vraiment le "Populisme" d'OWS mais plutôt la vision sombre que les ploutocrates se feraient d'un faux populisme démagogique. Bruce Wayne défend le système mais il semble dire à ses amis de sa classe sociale qu'ils risquent de légitimer Bane s'ils continuent à exploiter la corruption de Gotham.

    Mais cela conduit donc chez Bruce Wayne tout au plus à une "philanthropie" charitable, pas à une critique des inégalités à Gotham, d'où l'argument d'Yglesias que cela demeure globalement conservateur.

    L'ambiguïté de Bruce Wayne est qu'il semble quand même avoir cautionné l'Etat policier de Harvey Dent avant d'en voir certaines dérives.

    mais Gotham City est une ville tellement extrême (un peu comme les villes du jeu Vampire) qu'on ne peut pas vraiment en tirer une métaphore sur la politique réelle.