jeudi 31 juillet 2008

Aurum Ex Stercore



Tout le monde sait que Garfield est un mauvais comic strip, l'angoisse des Peanuts affadi en simple sarcasme et l'humour transformé en recyclage, mais il y a quelque chose dans sa médiocrité et son minimalisme qui développe la "créativité" (ou du moins ce qui passe pour tel dans la post-modernité ludique). Après Garfield Without Garfield, qui va même être publié avec l'autorisation du créateur du Chat-qui-aime-les-lasagnes (unique gag depuis XX années), voici Garfield traduit automatiquement en chinois puis de retour en anglais.

Les 20 ans de Sandman



The Sandman (le Marchand de Sable), sans doute l'un des plus importants comic-book avec Watchmen, fut créé par Neil Gaiman en 1989. La série dura 7 ans et eut, ce qui est rare dans les comics, une vraie fin au numéro 75. DC va sortir ce poster pour célébrer l'anniversaire (l'image n'apparaît pas entièrement).




On voit en commençant en haut à gauche, Lyta (la fille des Furies) et Hector Hall (son mari, le troisième Sandman, fils de Hawkman et Hawkgirl), Delirium (soeur de Dream), Matthew le Corbeau, Destruction, Caïn, Désir, Lucifer et sa compagne démoniaque Mazikeen, Rose Walker (fille de Désir et d'une Narcoleptique, et donc "nièce" de Morphée), Orphée (fils de Morphée et de la Muse), Désespoir, Thessaly la Sorcière, Titania la Reine de Faerie, Mad Hettie (la sorcière clocharde), Neil Gaiman (à la batterie), Barbie, Cluracan de Faerie, Bastet, Destinée, Remiel l'Ange, William Shakespeare (avec Puck sur les genoux), Gilbert Chesterton alias Fiddler's Green, la Mort, Hob Gadling l'Immortel, Morphée (et dans son reflet "Daniel"), le Corinthien (un cauchemar), Abel, Gregory, les Trois Sorcières, Lucien le Bibliothécaire, Nuala la fée, Goldie la Bébé Gargouille, Merv Pumpkinhead et les Deadboy Detectives.

Obamasturbation



(je suis très peu fier de ce titre, franchement)

Le front des sondages reste peu mobile pour l'instant (depuis la dernière fois).

On peut prévoir mécaniquement une légère hausse d'Obama pendant la Convention démocrate de Denver (25-28 août), des articles disant que la hausse n'est pas si énorme, puis une légère hausse de McCain pendant la Convention républicaine de Saint Paul quatre jours après (je prie pour qu'il ne prenne pas Bloomberg, qui serait un choix sans doute ingénieux, même si cela ne plairait pas à la base ultra).


Click for www.electoral-vote.com


Cela donne 292 Grands électeurs pour Obama, 195 pour McCain et 51 à égalité. Les Etats très disputés sont par ordre décroissant d'importance : Floride (27), Virginie (13) et le Missouri (11). Ils sont tous les trois assez étonnants : la Virginie et le Missouri sont des fiefs sudistes et la Floride semblait avoir durablement basculé du côté républicain en 2004 (Bush 52%, Kerry 47%, cette fois-là il n'y avait pas eu photo). Mais même en les laissant tous à McCain, la victoire 292/246 reste claire.

De manière un peu préoccupante, McCain a repris une nette avance dans l'Ohio (20 Grands Electeurs, 46% contre 40%).

Obama est toujours donné gagnant dans tous les Etats qui ont voté pour Kerry (soit selon la démographie révisée 252), plus 40 Electeurs venus du Colorado (9), Indiana (11), Iowa (7), Montana (3), Nevada (5), Nouveau-Mexique (5). Il faut 270 Electeurs et il faudrait donc qu'Obama garde au minimum le Nouveau-Mexique, le Colorado et l'Iowa.

Der Geist geistloser Zustände



Via, ette étude montre que dans les pays de l'OCDE, la religion oriente les pauvres religieux vers un vote anti-redistribution et les laïcs favorisés vers un vote de redistribution. La pratique religieuse serait toujours (même dans les sociétés laïcisées d'Europe) un facteur plus significatif que la classe sociale pour prédire le vote. Plus précisément la classe sociale compte très peu chez les pratiquants, qui vont préférer les partis qui allient souvent l'intérêt des plus riches et des cléricaux.

Mais ce qui peut paraître plus précis est le résultat sur les systèmes de suffrage proportionnel. Dans les pays à système majoritaire, les partis doivent faire un compromis, et l'électeur religieux va voter conformément par défaut en majorité pour le conservateur sans que ses idées soient nécessairement représentées alors que dans un système proportionnel, l'influence des niches religieuses va devenir plus importante.


Does Religion
Distract the Poor?
Income and Issue Voting
Around the World
Ana L. De La O
Yale University, New Haven, Connecticut
Jonathan A. Rodden
Stanford University, California

This article asks whether religion undermines the negative relationship between income and left voting that is assumed in standard political economy models of democracy. Analysis of cross-country survey data reveals that this correlation disappears among religious individuals in countries that use proportional representation. This is the case in large part because there is a moral values dimension that has a correlation with income that is equal in magnitude but has the opposite sign as the economic dimension, and the votes of the religious are better explained by their positions on moral than economic issues, especially in countries with multiparty systems. The authors conclude by discussing implications for theories of redistribution.

mercredi 30 juillet 2008

Lutte des classes fiscale



Même avec un modéré très "centriste" et "bi-partisan" comme Obama (qui confine parfois à l'indiscernabilité avec l'Autre Bord), il y a quand même toujours une vraie opposition entre les deux programmes fiscaux (même si on peut douter qu'Obama tienne ensuite ses promesses, malgré un Congrès démocrate).

La vanité des faits



Des études psychologiques sur l'opinion américaine (et les mensonges du complexe médiatico-industriel Cheney/FOX) montraient que mentir en disant P puis démentir en disant que finalement il n'y a pas de preuve que P est un très bon moyen de faire passer l'idée que P. Dans ce cas, tout se passe comme si notre mémoire ne respecte pas le principe élémentaire : "Possible que P mais non-P" est pris avant tout comme "P". On ne vous reprochera pas votre mensonge et on n'arrivera jamais à faire entrer profondément l'idée que non-P : toute nouvelle assertion qu'en réalité non-P ne fera que rappeler dans une partie de l'opinion l'idée qu'au fond P est vraisemblable et même vrai.

On sait bien que les Français ne travaillent pas moins que les autres mais l'idée conservatrice que nous sommes des oisifs tire-au-flanc peu productifs continuera à dominer le terrain (surtout chez les électeurs inactifs qui sont prompts à juger que les actifs ne travaillent plus assez). Toute la mythologie si brillante de simplicité "Revaloriser le travail / Travaillez Plus Pour Gagner Plus" semble dominer l'idéologie actuelle.

Ce reportage sur le temps de travail aux Pays-Pas (où le temps partiel très important concerne surtout les femmes, soit un taux moyen de 29h hebdo) rappelle
(1) que les 32h de mon nouveau héros Pierre Larrouturou (Motion Nouvelle Gauche, p. 231-248 dans les Contributions générales du Congrès de Reims, disponibles sur le site du Parti socialiste, touchante avec tous ses tableaux, ses chiffres et sa croyance naïve dans les arguments rationnels) ne sont pas si absurdes (même si le PS n'aura jamais l'audace de le reconnaître),
(2) que les Français ont un "bon" taux de travail hebdomadaire et annuel, mais un "mauvais" taux d'activité sur une vie professionnelle (arrivée tard et départ plus tôt que la retraite réelle).

Mais il est inutile de se faire des illusions. Nous avons perdu la guerre idéologique et même les simplifications les plus besancenotistes entretenues par notre ploutocratie AXA-Bouygues ont plus de chances de diriger les débats publics que le réformisme larrouturiste (que Rocard risque hélas d'avoir discrédité dans sa sénescence).

mardi 29 juillet 2008

Get in touch with the silence within



Je viens d'aller donner mes plaquettes à l'Hopital Saint-Louis (sans doute le seul endroit au monde, à part ma librairie de comic books, où les gens ont l'air vraiment contents de me voir). Les pays de culture catholique doivent inconsciemment ressentir une joie de substitut sacrificiel.

J'avais apporté mon propre DVD parce que j'ai un peu épuisé ceux qu'ils fournissent pendant les 85 minutes du don (mon choix n'était pas excellent comme je voyais le pauvre petit fonctionnaire à la vie ratée mourir lentement en découvrant qu'il n'y aurait aucune rédemption - sauf le petit parc public qu'il va laisser mais c'est dans la deuxième heure alors que le don était déjà fini).

A un moment, un homme a appelé et a insulté l'infirmière parce qu'il était séropositif et ne pouvait pas donner son sang. Sans doute un cas typique de deuxième stade de Kübler-Ross, où on déplace son propre déni en révolte vide contre le reste de l'univers.

Une autre "patiente" avait laissé dans le "livre d'Or" (devenu cahier de doléances) d'autres insultes parce qu'elle avait attendu une heure pour faire son don.

Le médecin chef du service parlait avec un fort accent indochinois et je feignais de sourire en ne comprenant pas la moitié de ses propos. Il a commencé à me parlet des querelles épistémologiques sur les "pancréatites", je crois (en gros, pendant ses examens, il devait feindre qu'il y avait un consensus sur le sujet alors que la Faculté de Lyon enseignait une chose différente de celle de Lille).

Dernière journée avec Miss Myosotis avant qu'elle ne parte. Je pense que quelles que soient l'amitié ou l'affection qu'elle peut avoir pour moi, le moindre soupçon d'autres passions chez elle à mon égard semble bien tari et je crois être quelque part entre le 3e et 5e stade de ce petit deuil.

lundi 28 juillet 2008

Codes & Coups



Six mois ferme pour le mari maniaque du voile

La femme, une Française de 24 ans, relève son voile. «Je ne supporte pas la chaleur, a-t-elle expliqué le lendemain à la barre du tribunal. Le foulard, je l’avais, je ne cachais pas le cou mais je n’avais pas de décolleté.»

En tout cas, son mari, Ali N. un maçon de 30 ans de nationalité algérienne, ne supporte pas de voir ce cou dénudé et frappe sa femme à coups de poing, allant jusqu’à lui fracturer le nez.


Un jeune intouchable tué pour un poème


Surjit Singh was beaten up on Tuesday by a teacher in the Nangal Kalan Government High school in public, said the Dalit sarpanch of the village Gyan Kaur. His two classmates said, "When the teacher came to know about the Surjit's love poem, he caned him till he almost dropped dead."

That was not the end of his ordeal; he was again beaten up by the family members of the girl the next day, Wednesday. Surjit was later found semi-conscious and taken to the hospital but succumbed to injuries.

Local leaders have sought an inquiry into the incident as the police appear to be siding with the upper caste girl's family and the teacher.


Et en parlant d'Intouchables, cette interview d'une Française qui se dit l'une des dernières "cagotes" rappelle comment les sociétés peuvent former des groupes exclus sans qu'on comprenne encore bien l'origine réelle de cette discrimination (les Cagots étant interprétés parfois comme un groupe "ethnique", une communauté religieuse ou comme descendants d'anciens Lépreux).

samedi 26 juillet 2008

Batmanophobie



Voilà qui ne va améliorer mon rejet profond de l'homme-chiroptère (même des batmaniaques sont d'accord).



EDIT : En revanche, je ne peux qu'approuver que le Parti démocrate réclame le Phoenix.

jeudi 24 juillet 2008

Obamania même à l'extrême-droite



Toujours d'après le Canard, Le Pen doit trop lire Melissa Clouthier et en tirer des leçons symétriques) :


Le Pen croit fort en l'avenir de l'humoriste Dieudonné ("Le Parisien", 17/7) :
"Il sera peut-être le futur Obama français."


Oui, il n'y a que de légères différences entre les deux :
  • Baruch Obama (comme l'appelait récemment Wyatt Cenac dans le Daily Show) est un politicien très centriste et fédérateur, qui cherche à garder l'électorat juif,

  • Dieudonné est un provocateur isolé, ne fédérant qu'extrême gauche et extrême droite, du communautarisme noir et de l'antisémitisme, et un judéophobe maladif qui semble avoir perdu la raison.


  • Mais pour M. Le Pen, bei Nacht sind alle Kühe schwarz, j'imagine.

    Sycophant Watch



    D'après le Canard Enchaîné n°4578 p.2 :


    [Badinguet] ne décolère pas contre "Le Point", propriété de François Pinault. Comme l'a souligné le site de l'"Obs", il a toujours sur l'estomac la une du "Point" sur sa petite personne passée au crible d'une brochette de psychanalystes.


    Badinguet.

    Juge.

    Le Point.

    Trop Critique.




    Le Point.

    Oui, Le Point.

    Le Point.

    L'hebdo qui le traite comme un mélange de Jésus, Paul Newman et Charles de Gaulle depuis déjà des mois.


    Fail at failing





    D'après cette chronologie annotée des Mèmes internet, le mème à la mode en ce moment même est Failblog, uniquement des images de bides ou de ridicule.

    J'aime bien celui-là mais il fait quand même un peu "faux". C'est le problème de toute la photomanipulation actuelle, les images ratées paraissent toutes faites artificiellement (ce qui n'excuse pas pour autant d'instrumentaliser les faux qu'on sait être faux).

    C'est une sorte d'analogue de la Loi de Poe (les extrémistes religieux sont tellement intrinsèquement stupides qu'une parodie ne peut qu'être confondue avec des formes authentiques). Cette Loi vient de frapper durement la couverture récente du New Yorker sur les Obama (voir la parodie par Vanity Fair). Si vous lisez Marianne, il y a un édito de Joseph Macé-Scarron (que je surestimais un peu avant ce texte) qui atteint le comble du ridicule en analysant l'image comme une sorte de lapsus exprimant le refoulé raciste du dessinateur ou de la rédaction de la bourgeoisie new-yorkaise. Il refuse de croire que le New Yorker ait pu être humoristique en reprenant tous les pires clichés de Fox News.

    Il est vrai qu'il y avait aussi des Blogs conservateurs qui soutenaient l'inverse : que c'était bien "hélas" de l'humour mais que cet humour traduisait plus profondément ce qu'ils croyaient être la vérité.

    mardi 22 juillet 2008

    Quiproquos



    Juste pour rectifier un cas de méprise d'identité (et même si je remercie Hugues pour ses compliments), ce blog n'est pas la continuation d'un autre blog étrusque par d'autres moyens : en fait, je suis Bruno Roger-Petit aussi.

    Ce Blog est en fait seulement un journal personnel sur mes loisirs qui ne s'adapte donc pas vraiment à une exposition trop publique.

    lundi 21 juillet 2008

    Fidélité



    Je ne suis toujours pas sûr qu'une adaptation de Watchmen au cinéma était nécessaire mais je dois reconnaître que comme pour 300 la réplique dans la bande-annonce a l'air troublante.

    Amendement



    La malhonnêteté des sondages a rarement atteint une telle envergure que pour cette réforme constitutionnelle. Il se peut que ce soit une meilleure réforme que je le pense mais on demande aux Français s'ils approuvent une "augmentation des pouvoirs du Parlement" avant de montrer que cette réforme le soit effectivement (alors qu'on peut défendre qu'elle continue la présidentialisation, qu'auraient certes réclamée aussi Lionel Jospin ou Jack Lang).

    L'Assemblée nationale a 577 députés et 331 Sénateurs et il faut 3/5 des votants (on ne compte pas les abstentionnistes), soit sans doute environ 540 voix.

    A l'Assemblée nationale, l'UMP a 313 sièges, le Nouveau Centre 22 sièges, les Divers-droite 9 sièges, le MPF 1 siège (un total de la majorité présidentielle de 345), le PS a 186 sièges, le PCF 15, les divers-gauche 15, les Radicaux de gauche 7, les Verts 4, le MoDem 3.
    Au Sénat, il y a a 155 UMP, 16 RDSE (les Radicaux valoisiens et de gauche), 33 UDF, 97 PS, 23 PCF+MRC, 16, 7 Non-Inscrits.

    En théorie, si on néglige les francs-tireurs (quelques Gaullistes, le MPF & MoDem et dans le sens inverse Jack Lang), on pourrait dire que la majorité présidentielle va avoir l'appoint des Radicaux "de gauche" (7 à l'Assemblée, 8 au Sénat, mais Taubira votera contre) et sans doute de la majeure partie de l'UDF senatoriale (qui doit être plus "Nouveau Centre" que "MoDem"), ce qui devrait donc suffire s'il n'y a pas une révolte plus ou moins passive de Sénateurs de droite (mais ceux qui désapprouvent vont surtout tout au plus s'abstenir comme Pasqua).

    On parle beaucoup de "suspense" mais (1) c'est aussi pour faire pression sur les quelques UMP rebelles, (2) la majorité Badinguetienne, quelles que soient ses erreurs, n'aurait jamais osé passer aux voix s'ils ne pensaient avoir atteint ce seuil des 3/5e, ne serait-ce qu'en menaçant les quelques députés de la majorité de détruire leur circonscription au prochain redécoupage.

    EDIT : Oui, oui, j'avais complètement tort, ça a été très "juste" (à 2 voix près), ils étaient finalement sincères ou j'étais trop maladivement méfiant.

    dimanche 20 juillet 2008

    Rousseau avait raison

    (pour une fois)

    Nous aurions bien un instinct inné de pitié (ou du moins une propension innée à l'empathie pour le malheur de nos congénères).

    Comics du mois (18/6-16/7/ 2008)



    Oulà, tout un mois de retard, cela va donc être un peu trop dense et rapide, désolé.

  • Univers DC

    • Atom #25
      L'épisode final de cette nouvelle série est plutôt un désastre parce que le scénariste, malgré quelques bonnes idées, semble avoir du mal à retomber sur ses pieds. Atom II (Ray Palmer) revient et le nouveau Atom découvre qu'il n'avait jamais contacté le vrai Atom et qu'il était manipulé depuis le début par Chronos. Panda meurt et Ryan Choi découvre qu'il peut désormais se servir des pouvoirs d'Atom sans la ceinture de Naine Blanche. D

    • Billy Batson & the Magic of Shazam! #1
      J'ai failli mettre cela dans les Indépendants puisque c'est une série pour enfants (la collection "Johnny DC") qui ne se déroule donc pas dans l'univers DC standard. Le style de Mike Kunkel n'est pas seulement un peu "cartoony" mais imite délibérément des storyboards parfois presque "abstraits" comme dans certains dessins animés des années soixante. C'est très mignon et cela mériterait sans doute un large succès mais chacun sait que les jeunes ne lisent que des mangas et que les derniers fans de comics sont des vieux. B

    • Booster Gold #1.000.000
      Blue Beetle s'est donc sacrifié pour rétablir le passé et Booster Gold se retrouve suite à une "explosion temporelle" en l'an 85 271 (l'année où paraîtrait Action Comics #1 million s'il continuait sa publication régulière). Il y trouve son lointain équivalent, Peter Platinum (avec des influences de Waverider, qui est réellement tout l'escroc qu'il était lui-même. Je suis un peu déçu de ne pas revoir Hourman III qui est un de mes personnages favoris mais il est vrai qu'il ferait un peu double emploi avec Booster Gold. De retour au XXIe siècle, Batman le convainc qu'il est devenu plus noble qu'il le pensait et on apprend enfin la vraie identité du mystérieux Rip Hunter. C'est un peu la fin d'un cycle avec l'échec pour sauver Blue Beetle et le retour incohérent de Goldstar pour compenser cet échec. La série repose sur des paradoxes qui n'ont en fait aucune tentative de théorie consistante, ce qui est très frustrant. Geoff Johns ne sait vraiment pas faire de science fiction et il modifie toujours les explications de manière complètement ad hoc. B-

    • the Brave and the Bold #14
      Après les histoires étendues, c'est un bref cross-over entre Deadman et Green Arrow. Waid exploite très bien le mythe du fantôme qui occupe les corps mais on ne voit pas bien ce qu'apporte l'archer. B

    • Final Crisis #2 / 7
      Mister Miracle III (Shilo Norman) recrute un superhéros japonais (SuperSumo-San a.k.a. Sonny Sumo, qui contenait aussi une partie de l'Equation de l'Anti-Vie). Libra essaye d'assassiner Lois Kent (ce qui prouve qu'il connaît l'identité de Superman). Les Dieux d'Apokolips contrôlent aussi les Alpha-Lanterns et organisent une manipulation contre Hal Jordan (Granny Goodness avait déjà remplacé la Déesse Athéna récemment).
      Je croyais que Dick Turpin contenait l'essence d'Orion mais après son arrivée à Blüdhaven, il semble qu'il soit plutôt le réceptacle de Darkseid lui-même. Blüdhaven est devenu le site de toutes les anciennes bd apocalyptiques de DC comme Kamandi et les Atomic Knights. B

      Pour plus de détails, voir Final Crisis Annotations.

    • Final Crisis Requiem
      DC se rend soudain compte que la mort de Martian Manhunter (l'un des plus vieux personnage de l'Âge d'Argent, même antérieur à Flash en fait) en une seule case dans Final Crisis était vraiment brusque et manquait de dignité et ils vont dans l'autre extrême avec des funérailles pendant 30 pages. J'aimais beaucoup le Martien mais comme on sait tous qu'il va revenir dans 1d20 mois je me passe très bien de cette manie de l'univers DC pour les enterrements. C'était très émouvant en 1985 quand Flash II et Supergirl furent enterrées mais à présent c'est devenu un cliché éculé. C

    • Green Lantern #32
      Toujours le flashback sur les origines. Vivement que ça se termine. Le retcon est ici que Hector Hammond n'a pas été transformé par une météorite mais par le moteur du vaisseau d'Abin Sur. Je ne vois pas trop l'intérêt à part la volonté d'en faire un second anti-Green Lantern en plus de Sinestro. Johns met encore des allusions à Top Gun (il y a vraiment encore des gens qui sont fans de ce film ?) et nous rappelle à quel point il est idiot que Hal aime piloter ses prototypes sans l'anneau. C

    • Justice League of America #22
      La Ligue suspend Vixen pour avoir caché la modification de ses pouvoirs (elle absorbe désormais les pouvoirs autour d'elle au lieu de prendre les capacités des animaux) et l'androïde Amazo revient déjà, à peine un an après sa dernière apparition. Bof. C

    • Justice Society of America #17
      Le dieu extraterrestre Gog continue de distribuer ses bienfaits et on est censé s'interroger sur l'inévitabilité du fatum (puisqu'on feint de croire que ce Gog ne serait pas aussi maléfique qu'il doit le devenir). Geoff Johns continue avec ses métaphores pataudes sur la Foi et le personnage athée de Mr Terrific vient se confesser qu'il aimerait avoir la Foi lui aussi. Tout cela donne vraiment la nausée. F

    • Legion of Super-Heroes #43
      Tout va mal pour la Légion qui se fait massacrer sur plusieurs planètes à la fois au moment même où la Fédération décide de la dissoudre. Pourtant, je n'arrive pas à m'intéresser à ces intrigues parce que j'ai du mal à suivre tous les tracas en parallèle et parce que les menaces semblent trop nébuleuses. Il est temps de voir un peu quels sont les vrais ennemis derrière toute cette série d'événements. B-

    • Tangent: Superman's Reign #4-5/12
      L'épisode #4 est surtout consacré aux origines du Superman de Terre-9. Les héros qui s'opposent à lui vont découvrir un traître dans leur sein. La Powergirl de Terre-Tangente arrive à elle seule à battre presque tous les héros réunis alors qu'on sait bien qu'elle sera aisément vaincue dans la résolution de l'histoire. Je continue à bien aimer l'étrangeté de cet univers et c'est après tout un des avantages du Multivers DC que de pouvoir développer ce genre d'histoires sur plusieurs Terres parallèles. Cependant, en dehors des légers effets de décalage dans l'uchronie ou de surprise dans les analogies entre les Terres alternatives, il n'y a pas grand-chose d'original. C

    • Wonder Woman #22
      Diana lutte dans un monde fantastique contre un démon avec l'aide de Beowulf, Claw et Stalker (trois personnages heroic fantasy des années 70 que DC avait créés pour concurrencer le Conan de Marvel), et sans aucune explication logique elle finit par assimiler sur elle comme par contamination à la fois la main griffue démoniaque de Claw et l'absence d'âme du Stalker. Cette histoire est particulièrement sans queue ni tête et je commence à désespérer des capacités de Gail Simone d'écrire des histoires cohérentes. C



  • Indépendants

    • Dynamo 5 #14
      Un peu lent. L'équipe des enfants illégitimes du Captain Dynamo s'est désintégrée au dernier numéro et ils commencent un peu à se relancer. Je me demande si je ne préfère pas Nobles Causes (l'autre série au principe dynastique). C

    • Ex Machina #37
      Le héros maire de New York est confronté à un ennemi original, une fan qui est aussi une provocatrice anti-Bush alors que Hundred aimerait organiser la Convention républicaine d'août 2004. B

    • Project Superpowers #4
      Fighting Yank ressuscite déjà, mais se sépare du fantôme de son ancêtre qui l'accompagnait. Décidément, cette liaison a souvent insipiré les reprises de ce personnage puisqu'on la retrouvait aussi dans la série analogue Terra Obscura d'Alan Moore. Grâce à Green Lama, les héros se sont enfuis de Shangri-La. Black Terror va recruter (Dare)Devil à Paris ; Pyroman, Hydro et Flame sont en Californie. Le Rassemblement des Héros me paraît un peu long mais c'est un peu une habitude dans ce genre d'histoire avec beaucoup de personnages, où on les disperse d'abord pour ne pas trop les confondre. C

    • Rex Mundi #12
      Le nouveau monarque David de Lorraine épouse Geneviève à Notre Dame dans des circonstances proches de celles où Napoléon couronne Joséphine alors que le "héros" Julien va finalement se retrouver avec la princesse Isabelle. Je ne m'attendais pas vraiment à ce retournement. C

    • Savage Dragon #136
      Ce titre a décliné à mes yeux depuis environ le #126 et la fin du petit Monsieur Glum. Ces derniers épisodes avec une suite de combats et de clins d'oeil à des personnages inconnus de fanzines sont vraiment décevants par rapport à ce que Larsen peut faire parfois. Peut-être que cela s'améliorera dès que la famille se recomposera un peu et qu'on quittera cette arène post-apocalyptique continuelle (qui forme un peu la constante de cette série). D

    • The Sword #9
      Décidément, le côté Gore tranchant de cette série ne se calme pas. Dara Brighton est trouvée par Zakros sans son Epée et se fait torturer. Puis son ami lui envoie l'Epée, qui la transperce avant de la guérir. Le Dard est le Remède, cette série commence à devenir étrangement cauchemardesque et psychanalytique dans son imagerie. B

    • George R.R. Martin's Wild Cards: The Hard Call #3
      Alex, le nouvel "As" (voir le lexique de l'univers Wild Cards), part à la recherche de Kira, qui est devenue une Joker. Il commence par chercher le Dormeur afin de trouver la trace de l'assassin au masque de chien qui met de l'antidote toxique (Atout Noir) dans les vivres des Jokers. C'est toujours pas mal (même si je n'aime pas toujours le style graphique pour les humains normaux). B+



  • Univers Marvel

    • Amazing Spider-Man #563-566
      Après une histoire beaucoup trop réaliste à mon goût dans la pègre du New Jersey et contre le mercenaire Overdrive (dont le pouvoir est de contrôler les véhicules), l'Araignée doit affronter la nouvelle chasseresse Kraven (II), qui a capturé son co-locataire le policier Vin Gonzales en le prenant pour lui (si Gonzales n'en déduit pas que Peter Parker est le vrai Spider-Man, il est un très médiocre policier). On a ici une idée de génie où Peter Parker perd son costume et doit emprunter celui de Daredevil, ce qui pourrait multiplier les quiproquos. Le dessinateur Phil Jimenez arrive même à faire en sorte qu'on reconnaisse Parker dans le costume rouge de "Tête-à-cornes". B+

    • Avengers: The Initiative #14
      Encore une preuve du talent de scénariste de Dan Slott. Toutes les histoires récentes tournent autour de la paranoïa sur l'Invasion secrète des Skrulls et pourtant sa propre version réussit à être plus inquiétante et plus troublante que les autres. D'abord il y a un gentil Skrull de plus avec Crusader (cela en fait au moins trois si on compte John Lennon dans Captain Britain & the MI13 et le Captain Marvel skrull). Le pauvre Triathlon (le héros scientologue...) réussit même à devenir intéressant avec cet unique superpouvoir où il est le seul sur Terre à reconnaître les Skrulls. A

    • New Avengers #42 / Mighty Avengers #15-16
      La structure de ces séries en ce moment n'est plus composée que de flashbacks pour donner les origines de l'Invasion Skrull et notamment de certains agents. Désolé pour ceux qui n'auraient pas encore lu mais je ne peux que spoiler quelques identités. New Avengers #42 est les origines de la Spider-Woman skrull (importante en tant que chef de l'Invasion), Mighty Avengers #15 les origines du Giant-Man skrull (l'histoire la mieux écrite à mon avis) et le #16 celles de l'Elektra skrull (vraiment très casse-pied, dans lequel on apprend hélas que l'Elektra n'était pas une Skrull depuis le début alors que j'espérais qu'ils allaient ainsi rétroactivement annuler toute la résurrection d'Elektra, personnage qui sert plus morte que vivante). B / B+ / D

    • Avengers/Invaders #3/12
      Le Namor de 1942, plus impétueux, bat facilement le Namor senior de 2008 et Bucky (BUCKY ?!) bat de même Anthony Stark sans son armure. Je suis un peu déçu que les Envahisseurs venus du passé continuent d'être si obtus par simple fiat de scénariste (il est vrai que cela peut se justifier pour Namor, qui était vraiment un crétin dans ses premières apparitions). C

    • Black Panther #37
      La guerre continue entre le Wakanda de Black Panther et le Niganda de Killmonger et ce dernier s'avère plus résistant et plus habile qu'on pourrait le penser - ce qui est un peu surprenant après plusieurs années où les scénaristes Marvel ont eu tendance à trop faire de T'challa un génie tacticien invincible dans le genre de Batman. B

    • Captain Britain & MI:13 #3
      Pour lutter contre les Skrulls, Pete Wisdom (qui a l'air de ressembler de plus en plus à une contre-partie de John Constantine) a dû libérer Merlyn (personnage très ambigu, voire maléfique depuis longtemps et qui semble être parfois distinct du Merlin l'Enchanteur classique) et il a fait ainsi revenir le Captain Britain pour défendre à la fois Avalon et Excalibur. B+

    • Eternals #2
      L'épisode réintroduit notamment Ajak le Médiateur avec les Célestes, qu'on a vu aussi récemment dans Hercules en train de lutter contre les dieux des Skrulls déviants (dans le God-Squad, aux côtés de Snowbird, Mikaboshi et Atum/Demogorge). L'histoire se réinsère aussi un peu plus dans l'univers Marvel, avec un passage d'Iron Man (alors que les Eternels sont souvent leur propre univers de poche) et on rappelle que Sersi (Circé) était membre des Vengeurs (tout comme Gilgamesh qu'on revoit ici comme le Guerrier Oublié au Brésil). B

    • Fantastic Four #558
      L'intrigue qui se développe a l'air centrée sur de nouveaux paradoxes temporels. Les Quatre Fantastiques luttent contre une équipe qui s'appelle eux-mêmes "les Défenseurs" et qui compte une version de Hulk vert mais intelligent (alors que le Hulk actuel n'a plus cette couleur). Millar s'était vanté de ne pas réutiliser les mêmes vilains habituels mais il recycle déjà le Dr Doom (qu'on vient à peine de voir dans une histoire de voyage temporel dans FF #551-553 et dans Mighty Avengers #9-11). B

    • Fantastic Four: Secret Invasion #2/3
      Un des meilleurs spin-offs de Secret Invasion, en partie grâce aux dessins de Barry Kitson et parce que les Quatre Fantastiques sont quand même la série qui justifie le plus le lien avec les Skrulls. Mr Fantastic et l'Invisible ont disparu, le Baxter Building a été catapulté en pleine Zone Négative. La Torche a été réuni avec son ex-femme Lyja, redevenue une agente Skrull, et le jeune Franklin sort une armure Mécha de son père pour retrouver la Prison de la Zone Négative qui avait été aussi élaborée par Reed Richards. A

    • Iron-Man Director of S.H.I.E.L.D. #31
      Je ne sais pas exactement pourquoi Iron Man a plusieurs titres simultanés. Contrairement à beaucoup de rumeurs, la Guerre Civile (qui a fait d'Iron Man quasiment le vilain principal de l'univers Marvel) n'a pas fait baisser les ventes : il est à un niveau assez moyen autour de 35 000 exemplaires, sans effet notable du film récent, alors que l'autre série, Invincible Iron Man, qui s'annonce clairement comme une reprise des thèmes du film, se vend nettement mieux en redémarrant pour le numéro 1 à 100,000 exemplaires.
      Ici, Stark se sert de ses nanorobots pour affronter d'autres nanobots. Je suis aussi intéressé par les nanotechnologies que n'importe qui mais je crains que cette nouvelle mode des nanomachines ne servent qu'à du technobabble peu dramatique (il n'y a rien de mal au technobabble, tant qu'il ne détruit pas toute tension ou résolution de problème). Il y a aussi un vrai risque de faire évoluer Anthony Stark d'un simple inventeur génial vers une sorte de Dieu cybermancien s'il est lui-même composé de nanomachines contrôlant tous les autres mécanismes. B

    • Invincible Iron-Man #3
      Stark lutte contre Ezekiel Stane, le jeune prodige fils d'Obadiah Stane (qu'on a vu mourir dans le film). C'est un moyen assez clair pour continuer le succès du cinéma. L'épisode a une imprécision qui pose une question très geek : Iron Man enquête à Taipei (capitale de Taiwan, que la Chine populaire appelle seulement la Province chinoise de Taipei) et doit lutter contre des Armures téléguidées ("Mechas" guidées par des otakus) du "gouvernement chinois". Veut-il dire du gouvernement de la République de Chine (Taiwan) ou des agents de la République populaire de Chine ? Dans le premier cas, on peut se demander comment Taipei peut avoir ces armes aussi sophistiquées, dans le second on peut se demander quelle juridiction elles ont sur Taipei. Ce n'est pas clair mais je vais supposer que le scénariste Matt Fraction voulait dire que ce sont bien des Taiwanais. B+

    • Ms. Marvel #28
      Le cross-over de l'Invasion Skrull ne se prête pas très bien à des épisodes originaux mais Ms Marvel réussit à trouver un moyen assez radical d'identifier les Skrulls dans ce numéro en tapant à peu près sur tout ce qu'elle rencontre, ce qui risque de ne pas vraiment accroître sa popularité. Un détail qu'on remarque dans l'invasion est à quel point les Skrulls sont plus individualisés dans leurs pouvoirs que par le passé. C'est l'avantage de réutiliser cette race depuis 45 ans, ils commencent à gagner un peu de dimensions. B-

    • Nova #15
      Nova lutte contre le Parasite psychique qui devançait Galactus en se nourrissant de terreur mais il perd au passage l'Intelligence artificielle de l'Esprit Mondial de Xandar. J'imagine que c'est très temporaire comme les échanges entre eux sont sans doute l'un des éléments les plus drôles dans la série. B

    • Secret Invasion #4/8
      La Veuve noire sauve Stark des Skrulls et Nick Fury lance son petit groupe de superhéros inconnus, qui semblent n'avoir que cela comme mérite et qui risquent de le redevenir très vite. B
  • vendredi 18 juillet 2008

    misc.



  • J'ai longtemps hésité sur l'Affaire Siné.

    D'un côté, Siné peut en effet dire que dans ce cas précis, il attaquait plus l'opportunisme supposé du Dauphin Jean Badinguet qu'autre chose, et Charlie-Hebdo a une tradition de défoulement anarchiste qui va mal avec le moralisme de Val (Val dit que c'était déjà une faute de parler de la vie privée du Fils, mais cela me paraît discutable, un hebdo satirique ne peut déterminer ainsi une limite de bon goût).

    Mais de l'autre, les propos de Siné étaient surtout faux, ce qui est quand même un point essentiel, et Val ne demandait après tout que des excuses sur ce fait (même Siné reconnut d'abord que ses propos "pouvaient être mal interprétés"). Je suis donc plutôt d'accord avec le choix de Charb et Val : il ne pouvait plus continuer de collaborer si Siné n'admettait pas son dérapage (même si je doute vraiment qu'il soit "anti-sémite" en général et que ce texte précis le fût, quel que soit le contexte et les positions passées de Siné).

    Le second problème est l'affaire Clearstream auquel fait allusion Siné. Il n'y a certes rien de mal à ce que l'avocat de Charlie soit aussi celui de Clearstream (comme l'accepte cet ami de Denis Robert mais cela devient plus gênant si Val commence à critiquer Denis Robert sans fait concret.

  • Je regarde pas mal Al-Jazeera en anglais en ce moment pour ne plus voir Badinguet (CNN a trop de pubs, CNBC-Europe trop de bourse, BBC News trop de sport) et je suis toujours étonné par la qualité de l'édition internationale (même s'il y a trop de cricket), ils étaient relativement équilibrés sur le retour de l'ignoble Samir Kuntar au Liban, faisant même un reportage sur le point de vue israélien. Mais je suis quand même choqué (comme je le disais déjà il y a deux ans, le 17 juillet 2006 - je ne peux lier le post précis à cause d'un problème technique) que les journalistes français oublient de préciser pourquoi Kuntar est resté 27 ans en prison. Il n'était pas un "combattant luttant pour le Liban" (le Liban ne fut envahi par Israël que 3 ans après) mais un jeune assassin qui a tué une petite fille de 4 ans à coups de crosse par simple haine de l'Etat auquel elle appartenait, et il n'a jamais exprimé le moindre remords, disant fièrement après sa libération qu'il recommencerait.

  • Cette publicité égyptienne en faveur du Hidjab est l'une des plus immondes que j'ai jamais vue, à la fois pour les hommes et pour les femmes.

    La plupart des reporters et présentatrices femmes sur Al-Jazeera International sont non-voilées, ce qui est quand même un choix courageux (mais Al-Jazeera en langue arabe est différent). En un sens, le simple fait d'avoir des reporters femmes (et non pas seulement des présentatrices, qui existent même sur les chaînes fondamentalistes comme Al-Manar) est déjà distinctif pour les pays arabes du Golfe (où les femmes sont parfois encore privées du droit de vote et même du droit de conduire une voiture). La chaîne de télé qatari doit faire beaucoup plus que tout l'Occident pour faire évoluer la question.

  • La question de la frontière de la vie privée et de l'information devient horriblement difficile avec un régime de Cour. Je n'ai aucune confiance dans les théories du complot du Réseau Voltaire (qui est plein de négationnistes paranos) mais il se pourrait par exemple que certains de ces arguments (que j'ai reçus par une Chain Letter et qui renvoient à cet article du Daily Telegraph) sur les interventions de Badinguet dans le PAF soient en partie exacts (sauf l'idée que "Carla Bruni avait été sélectionnée par un conseiller en communication" qui est quand même ridicule).

  • Zut, ça y est, la droite américaine commence à soutenir Gouguenheim et le croit persécuté par une Cabale dhimmi-islamiste, au lieu de voir qu'il n'apporte rien que du déjà connu ou bien des divagations peu scientifiques.

  • lundi 14 juillet 2008

    Pourquoi il faudrait parler plus de salaires

    et moins de "pouvoir d'achat"


    La reine thaumaturge



    Une "journaliste" de France 2 interviewe Badinguette il y a quelques secondes.


    Etes vous heureuse et émue ?

    - Oui, je suis très émue.

    - Avez-vous l'impression que la France est plus heureuse et plus fraternelle ?

    - Merci, madame.


    Je n'ai pas entendu la suite, je roulais sur le sol dans une crise d'hystérie.

    Le pillage du pays par l'oligosarkarchie fait en effet penser à plus de fraternité.

    Add. Après vérification, la "journaliste" du Service politique en question, l'ex-chiracolâtre Mme Sainte-Olive, a été faite chevalier de la Légion d'honneur en décembre 2007. Elle vient de demander à Badinguet s'il avait l'impression que le pays était "maintenant plus généreux" et même lui a été perplexe devant cette brosse à reluire.

    Zut, il est même dans les comics



    Abhay Khosla (une des Divinités internet dans le Panthéon des critiques de bd) parle du Combat ordinaire de Larcenet :

    The last chunk of the book is a depiction of the night of [Badinguet]’s election; I mostly know [Badinguet] from having spent a few minutes—well, hours-- looking at photos of his super-hot lady.

    Why are other countries so much more comfortable with the idea of hot, naked first ladies? DAMN YOU, MAYFLOWER!

    dimanche 13 juillet 2008

    Congress At Work



    Il est rare que j'approuve un libertarien mais il a quelques bons exemples des dérives ridicules du Congrès américain dans l'inutilité :


    TOP 10 CONGRESSIONAL RESOLUTIONS OF THE 110th CONGRESS

    1. S.RES.440: A resolution recognizing soil as an essential natural resource, and soils professionals as playing a critical role in managing our Nation’s soil resources.

    2. S.RES.262: A resolution designating July 2007 as “National Watermelon Month”.

    3. H.RES.216: Congratulating the men’s volleyball team of the University of California, Irvine, for winning the 2007 NCAA Division I Men’s Volleyball National Championship.

    4. S.RES.180: A resolution recognizing the 70th anniversary of the Idaho Potato Commission and designating May 2007 as “Idaho Potato Month”.

    5. H.RES.630: Congratulating the Warner Robins Little League Baseball Team from Warner Robins, Georgia, on winning the 2007 Little League World Series Championship.

    6. H.RES.970: Expressing support for designation of June 30 as “National Corvette Day”.

    7. H.RES.1050: Recognizing Pittsfield, Massachusetts, as being home to the earliest known reference to the word “baseball” in the United States as well as being the birthplace of college baseball.

    8. H.RES.89: Expressing the sense of the House of Representatives that a day should be established as Dutch-American Friendship Day to celebrate the historic ties of the United States and the Netherlands.

    9. H.RES.892: Expressing support for designation of a “National Funeral Director and Mortician Recognition Day”.

    10. H.RES.483: Recognizing the 63rd Anniversary of Big Bend National Park, established on June 12, 1944.

    samedi 12 juillet 2008

    Random clip of the day



    Les Wombats sont un trio de Liverpool avec trois jeunes membres, le chanteur Matthew Murphy, Dan Haggis et le norvégien Tord Øverland-Knudsen. Je croyais avoir déjà mis ce lien mais la fonction Search ne le retrouve pas (il devait être dans les posts détruits du premier semestre 2007.

    If it's a RomCom, Kill the Director


    Let's Dance to Joy Division


    Et rien à voir, et pas des Wombats mais de Garbage, mais ça décrit bien mon état d'aujourd'hui (et en plus cela m'a été rappelé par un post de quelqu'un d'autre).

    Contes du Vampire (12)



    Nous sommes arrivés à la moitié des 25 contes du Vetala, avec ce conte un peu plus long.

    Petit rappel des épisodes précédents :



  • 12e Conte : Comment le roi s'éprit d'une nymphe céleste

    Le jeune roi Yaśaḥketu des Aṅgas passait son temps dans le plaisir sensuel de son gynécée et laissait la charge du Royaume à son sage ministre, Dīrghadarśin. Celui-ci craignit qu'on ne l'accuse d'enfermer le roi dans la licence pour accaparer le pouvoir et il décida donc de partir en pélerinage sur les routes pour quelques temps en remettant le pouvoir au roi pendant son absence. Lors de son voyage, alors qu'il naviguait déguisé en brâhmane vers l'Île d'Or (Suvarṇadvīpa)il vit une nymphe sortie de l'Océan sur un arbre, qui jouait de la cithare. Quand le ministre revint en son royaume, il raconta la scène au roi Yaśaḥketu, qui tomba amoureux de la description de la nymphe. Le jeune roi décida de partir à son tour sur ce même périple, déguisé lui aussi en ascète. Il la revit au même endroit dans l'Océan et la suivit dans une cité magique sous les eaux. Elle lui dit qu'elle s'appelait Mṛgāṅkavatī et qu'elle acceptait de l'épouser à condition qu'il ne la suive pas quand elle partirait en fin de chaque semaine. Ils se marièrent mais à la fin de la semaine, il la suivit, la vit dévorée par un Démon qu'il terrassa pour la délivrer. Mṛgāṅkavatī expliqua alors au roi Yaśaḥketu qu'elle avait été maudite par son père et qu'elle devait ainsi être dévorée et renaître jusqu'à ce qu'il la délivre, mais qu'à présent que la malédiction était terminée elle devait le quitter pour rejoindre les Cieux. Le roi lui demanda un sursis de sept jours et elle y consentit. Quand les jours furent révolus, la nymphe céleste s'aperçut qu'elle avait perdu le pouvoir de voler et qu'elle devait rester sur Terre. Le roi la ramena donc comme son épouse mais quand il revint, le sage ministre Dīrghadarśin eut le coeur brisé et mourut.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur est donc de savoir pourquoi le ministre était mort ainsi, était-ce par jalousie parce qu'il voulait garder le pouvoir ?

    La réponse du roi Trivikramasena est que le vertueux ministre était mort de chagrin car il savait que le jeune roi passerait encore plus de temps dans le plaisir maintenant qu'il avait ramené une nymphe céleste et que son vice s'était donc aggravé au lieu de se résoudre.


  • C'est un des thèmes fréquents avec les héros de classe royale kṣatriya : leur Dharma, leur devoir cosmique, est souvent compromis par les plaisirs de la Chasse ou du Gynécée. Une des curiosités du Conte est que contrairement au thème qu'on trouve dans le mythe de Psyché, le roi est "récompensé" parce qu'il transgresse l'interdit en la suivant - sa transgression a été déjà été prédite au début de la malédiction, il ne fait que réaliser son Karma. Il n'y a en revanche pas d'explication à l'échec paradoxal du sage ministre : il est parti en pélerinage pour sauver son monarque de la luxure et il l'y enfonce encore plus.
    La nymphe s'appelle Mṛgāṅkavatī, comme la plus délicate épouse dans le conte précédent. Le conte fait un peu penser au 1e conte (où le ministre aide le roi à prendre une épouse) mais surtout à une inversion du 7e conte où le roi Caṇḍasiṃha aidait son vassal Sattvaśila à épouser la fille du Roi des Asura, qui vit aussi dans une Cité magique sous les flots.

    vendredi 11 juillet 2008

    Contes du Vampire (11)



  • 11e conte : Des trois reines au coeur sensible

    Le roi Dharmadhvaja d''Ujjayinī avait trois épouses : Indulekhā, Tārāvalī et Mṛgāṅkavatī. La première était si sensible qu'une simple feuille de lotus lui tombant sur le giron meurtrit sa cuisse. Le seconde était si fragile qu'un simple rayon de lune sur sa peau la brula. La troisième était si délicate qu'un simple son de pilon lui donna des cals aux mains.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur est donc de savoir qui était la plus sensible.

    La réponse du roi Trivikramasena est que les stigmates de la troisième au son étaient bien plus remarquables que les contacts directs des deux autres.


  • Voir les remarques sur le 8e Conte.

    jeudi 10 juillet 2008

    Gorbachev le Barbare contre les Zombies stalinoïdes



    Je croyais que Gorbachev était toujours très impopulaire en Russie mais son image a peut-être changé si on croit cette nouvelle vidéo d'un groupe russe, ANJ.



    Oui, le moneyshot plein de bon goût rappelle à quel point MTV Russie ferait passer même les chaînes occidentales les plus berlusconiennes pour puritaines en comparaison.

    L'avance et l'handicap



    Pas grand-chose de changé depuis la dernière fois que j'ai regardé les sondages d'Obama.



    On arrive donc à 320 Electeurs pour Obama contre 218 pour McCain.

    Obama a pris en plus le minuscule Montana (3 grands électeurs), Etat qui serait assez surprenant puisqu'il a presque toujours voté Républicain aux Présidentielles sauf en 92 où Clinton avait eu une courte avance.

    Il est assez drôle de lire les Blogs démocrates en ce moment qui se rendent soudain compte de ce qui aurait dû être clair pour quiconque avait suivi les votes du Sénateur Obama : il est vraiment très centriste et pas plus à gauche que Clinton. Cela dit, on peut comprendre qu'il se recentre sur certains sujets (on savait bien qu'il avait un peu exagéré sur l'Irak pour se différencier de Clinton) mais on n'imaginait pas qu'il serait si mou sur la question des écoutes illégales de l'Administration Bush, et surtout qu'il en rajouterait par rapport à Bush sur l'argent distribué aux organisations caritatives religieuses.

    Yglesias a une comparaison de sondages en juillet et de résultats en novembre dont il nuance le verdict mais qui doit quand même rappeler la prudence : Humphrey était gagnant en 68, Carter a perdu 30 points pendant sa campagne de 76 (heureusement que la campagne n'a pas duré plus longtemps), Bush père était gagnant en 92, Bush fils était gagnant en 2000 (alors qu'on sait qu'il a de facto perdu) et Kerry avait aussi une large avance en 2004.

    Cette élection est en théorie difficile à perdre pour les Démocrates. Ce qui risque de rendre la victoire de McCain encore plus douloureuse, même s'il n'était pas entièrement cinglé et entouré de cinglés.

    mercredi 9 juillet 2008

    Contes du Vampire (10)



  • 10e conte : Comment Madanasenā fit une promesse étourdie

    Un jeune marchand nommé Dharmadatta tomba follement amoureux de la belle Madanasenā et tenta de la séduire. Elle lui dit qu'elle était promise au marchand Samudradatta et qu'elle ne pourrait donc pas être à lui tant que cette promesse de mariage ne serait pas tenue. Mais comme elle craignait que Dharmadatta ne la contraigne, elle lui promit qu'elle se donnerait à lui après le mariage et avant que Samudratta ne l'ait touchée. Après la cérémonie, Madanasenā expliqua tout à son nouveau mari, qui furieux la jeta dehors pour qu'elle tienne sa promesse. En chemin, elle fut à nouveau accostée par un voleur qui voulait lui prendre ses bijoux et sa vertu. Elle lui fit la promesse qu'elle se donnerait à lui, mais seulement après Dharmadatta, et le voleur la laissa partir. Cependant, Dharmadatta la refusa parce qu'elle était l'épouse d'un autre et ensuite le voleur, ému de sa double fidélité à sa parole, la laissa partir à nouveau. Elle revint dans la demeure de son mari Samudradatta, lui raconta les deux rencontres, et il l'accepta à nouveau car il voyait qu'elle disait la vérité et qu'elle avait pu préserver à la fois sa vertu et sa parole donnée.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur est donc de savoir qui avait été le plus généreux entre le mari Samudratta, le marchand Dharmadatta et le voleur.

    La réponse du roi Trivikramasena est que le voleur fut le plus généreux, car Samudradatta l'avait rejetée d'abord pour sa promesse puis Dharmadatta l'avait repoussée parce qu'elle était mariée et parce qu'il craignait les conséquences de cet acte, alors que seul le voleur l'avait laissée partir sans aucun intérêt.
  • Le plagiat via Internet a des avantages



    Parfois, ce sont les confusions et lapsus qui disent la vérité.

    mardi 8 juillet 2008

    misc.



    Ca y est, derniers oraux de rattrapage aujourd'hui. Je suis complètement en vacances, et j'ai passé l'après-midi à me promener en forêt de Lognes avec Miss Myosotis.

    Sinon, histoire de dire qu'il y a encore des liens dans ce blog, il est pas mal ce post de mon idole Hertzberg sur l'histoire du Collège électoral américain, non ? Vous connaissiez déjà ? Bon, faites comme si je n'avais rien dit alors.

    Contes du Vampire (9)



  • 9e conte : Comment le roi fut embarrassé en présence des quatre prétendants à la main de sa fille


    Le roi Vīradeva d'Ujjayinī obtint grâce à ses pratiques ascétiques pour le dieu Śiva un fils vaillant nommé Śūradeva et une fille nommée Anaṅgarati. Il voulut la marier mais elle ne voulait pas choisir par elle-même (svayamvara) et demandait seulement qu'on choisisse un mari beau et possédant un Art particulier.
    Le premier prétendant était de caste śūdra et était le meilleur tailleur. Le second était de caste vaiśya et pouvait comprendre le langage des oiseaux. Le troisième était un kṣatriya et était le meilleur pour manier l'épée. Le quatrième était de caste brāhmaṇa et connaissait l'art de ressusciter les morts. Le roi Vīradeva fut perplexe devant tant de talents.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur est donc de savoir qui méritait d'épouser Anaṅgarati.

    La réponse du roi Trivikramasena est on ne peut plus prévisible : elle est de caste kṣatriya et il n'y a donc pas à hésiter, seul le troisième prétendant convient.


  • Le 5e conte se déroulait dans la même ville et était aussi une histoire de choix de prétendants, mais plus subtile que cette morale simple sur le système des varṇa et l'interdiction (théorique) des mélanges de classes sociales.
    On a du mal à comprendre la perplexité du père (ou alors il hésite surtout entre les deux derniers ?). Le conte, un peu ennuyeux, n'aurait-il pas pu être meilleur et plus paradoxal si les basses classes avaient possédé des talents bien supérieurs à ceux du kṣatriya ou si ce dernier avait eu un talent insignifiant lié à sa classe comme celui de chasseur ? La seule pointe est que le roi Trivikramasena, visiblement excédé, dit que le prétendant brāhmaṇa, qui a le pouvoir le plus puissant, est le plus coupable de tous car un brâhmane n'est pas censé ignorer la lettre des lois des Vedas.

    lundi 7 juillet 2008

    Badinguetologie



    Cela faisait longtemps que je n'étais pas revenu sur les chiffres de sondages de Badinguet, notamment à cause de ma mauvaise foi qui fait que je n'en parle que s'ils baissent.



    Soit une moyenne de -24 (36% / 60%). Bizarrement, il continue à baisser chez Ipsos et Sofres mais remonte sur la même période chez CSA et surtout l'Ifop (où il avait atteint -44), avec des chiffres qui vont de -20 à -32. Il est resté en tout cas durablement impopulaire en juin, contrairement à ce qu'on pourrait craindre.

    Mais Bétancourt et l'été pourraient vite le faire reprendre au moins quelques points, surtout s'il s'abstient un peu de partir en vacances sur un yacht et ne fait plus trop parler de lui au lieu de lancer ses provocations polarisantes.

    Plus que 1398 jours à tirer avec lui.

    Contes du Vampire (8)



  • 8e conte : Des trois frères à l'excessive délicatesse

    Le brâhmane Viṣṇusvāmin avait trois fils aux sens délicats. Il les envoya chercher une tortue pour accomplir un sacrifice mais aucun des trois n'accepta de s'approcher d'un animal aussi puant et chacun dit qu'il était trop délicat pour le toucher. Ils allèrent voir le roi Prasenajit de Viṭaṅkapura. Le roi leur offrit divers présents et à chaque fois ils manifestèrent leur délicatesse. Le premier refusa du riz que tous jugeaient parfumé mais ils découvrirent qu'il avait poussé près d'un cimetière. Le second refusa une courtisane en disant qu'elle empestait le bouc, et ils découvrirent qu'elle avait été nourrie enfant au lait de chèvre. Le troisième eut du mal à dormir sur plusieurs matelas parce qu'un simple poil s'imprimait sur sa peau délicate.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur est de savoir qui était le plus délicat.

    La réponse du roi Trivikramasena est que seul le troisième a montré une vraie délicatesse car les deux autres avaient pu obtenir leurs informations par un autre moyen.


  • On aura reconnu le modèle du conte d'Andersen, La Princesse au petit pois, mais avec de purs brâhmanes à la place de la jeune fille (et on retrouvera un analogue dans trois jours avec le 11e Conte du Vetāla, "Des trois reines au coeur sensible").
    Il y a plusieurs analogue dans les Mille et Une Nuits, comme le conte 891 dans l'édition de Breslau (le Roi qui percevait l'essence des choses). Voir les variantes du thème relevées par l'érudit Richard Burton.

    dimanche 6 juillet 2008

    Jésus plagiaire de Simon



    Fascinant.

    Contes du Vampire (7)



  • 7e conte : Comment le roi maria son féal à la fille du roi des démons



    Le roi Caṇḍasiṃha de Tāmraliptī avait à son service un prince ruiné venu du Deccan, le courageux mais très pauvre Sattvaśila. Un jour à la chasse, celui-ci offrit à son suzerain des fruits āmalaka (sortes de "groseilles indiennes") et lui dit que c'était la seule nourriture qu'il pouvait se permettre. Le Roi comprit alors sa détresse et lui offrit des richesses pour ces deux fruits. Puis il envoya en mission Sattvaśila vers l'île de Lankā, où vivent les démons Asura pour aller demander la main de la Princesse des démons pour son monarque. Le courageux Sattvaśila prit le navire vers l'île des démons mais le bateau fut arrêté par une tempête autour d'un drapeau qui sortait des eaux. Sattvaśila se jeta dans l'océan et rejoignit ainsi la magnifique Cité des Asuras. Mais arrivé là, il tomba amoureux de la fille du Roi démon dont il était censé demander la main. Elle se servit de sa magie pour le faire revenir chez lui et il raconta tout ce qui s'était passé au roi Caṇḍasiṃha. Le Roi intègre dit alors qu'il allait payer sa dette envers son courageux vassal pour les fruits āmalaka, en refaisant le périple avec lui vers la Cité des démons pour l'aider à épouser la Princesse. A leur arrivée dans le charmant domaine des Asuras, ils recontrèrent la Déesse Pārvatī elle-même, venue voir la Princesse. Celle-ci, très impressionnée par la noblesse du Roi Caṇḍasiṃha, expliqua qu'elle était la fille de Kālanemi, le grand roi des Asuras, et que ces Cités magiques avaient été construites par le Dieu artisan Viśvakarman. Le Roi demanda sa main pour son vassal Sattvaśila et elle y consentit. Ils furent donc mariés et le roi Caṇḍasiṃha reprit le même chemin magique, avec comme cadeaux une épée nommée Invincible et un fruit d'immortalité.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur est de savoir qui fut le plus courageux, entre le Roi Caṇḍasiṃha et son vassal Sattvaśila.

    La réponse du roi Trivikramasena est que Sattvaśila était le plus brave puisqu'il avait plongé dans l'inconnu alors que le Roi Caṇḍasiṃha savait déjà qu'il n'y avait pas de péril.


  • On est ici plus dans une structure mythique, qui inverse l'épopée du Rāmāyaṇa. Alors que dans l'épopée le Prince royal déshérité Rāma doit tuer les démons pour ramener son épouse enlevée sur Lankā, ici le Prince vassal Sattvaśila doit faire appel à son suzerain pour obtenir, sans combat ni défi, la fille des créatures asuras qui règne sur la même île.

    samedi 5 juillet 2008

    Je me souviens...




    ... quand les pages de la Wordwide Web par défaut étaient grises.



    Contes du Vampire (6)



  • Sixième conte : Comment les têtes du frère et de l'amant furent interverties

    A Śobhāvatī, un blanchisseur nommé Dhavala avait épousé la belle Madanasundarī. Un jour, le frère de Madanasundarī vint les voir et ils se rendirent au Temple de la Déesse Gaurī (un des aspects de Durga ou Pārvatī). Mais Dhavala se rendit compte qu'il n'avait pas d'offrandes et il se trancha donc la tête pour l'offrir à la grande Déesse, et le frère de Madanasundarī fit de même. La malheureuse jeune fille supplia la Déesse de rendre la vie à son mari et à son frère. La Déesse accepta mais Madanasundarī, dans sa précipitation, intervertit la tête du mari et du frère sur les deux corps quand elle les reforma.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur consiste à savoir qui était désormais son vrai mari, le corps de Dhavala avec la tête de son frère ou le corps de son frère avec la tête de Dhavala.

    La réponse du roi Trivikramasena est que la tête contenant le siège du Soi, elle devait rester marié au corps de son frère.


  • Quand on lit cette histoire, on ne peut pas ne pas penser aux expériences de pensée sur l'Identité Personnelle et les transplantations de cerveaux qu'aime tant la philosophie analytique - Bernard Williams et Sidney Shoemaker seraient, je crois, plutôt d'accord avec le roi - même si Williams a un argument célèbre pour montrer que cela dépend comment on raconte l'histoire.
    La Déesse est aussi associée à une autre célèbre greffe de tête dans la mythologie hindoue : celle de Gaṇeśa, à qui son père Śiva aurait tranché la tête parce qu'il l'empêchait de voir son épouse Pārvatī. Le changement de tête est ici un symbole de transformation intérieure, d'union du microcosme et du macrocosme, alors que dans ce conte il est plus littéralement la transcendance du Soi par rapport au corps.
    On remarque que l'histoire se situe dans la même cité himalayenne de Śobhāvatī que dans le quatrième conte, qui était aussi une auto-immolation à la Déesse. En revanche, on a des personnages de caste bien plus modeste (blanchisseur) cette fois.
    Décidément, les contes du Vetāla - qui est lui-même un esprit malin en possession d'un cadavre - portent souvent sur des mariages et des corps. Ici, c'est pour insister que le mariage n'est pas essentiellement le lien des corps.

    I do not come to praise him



    Jesse Helms, Sénateur Républicain raciste et ségrégationniste de Caroline du Nord de 1972 à 2002, est mort à 86 ans. Depuis plus de 50 ans, il a contribué à lutter contre les droits civiques aux Etats-Unis et lutté contre tout ce qui pouvait conduire à plus d'égalité ou plus de justice, soutenant l'apartheid en Afrique du sud, toutes les dictatures d'Amérique du Sud, tentant de détruire la diplomatie américaine et toutes les organisations de droit international comme les Nations unies, faisant passer des lois unilatérales qui ne servaient qu'à discréditer l'image de son pays. Helms représentait ce qu'il y a de pire aux USA, un symbole de fanatisme, de lynchage, de discrimination tranquille.

    Yglesias, pour une fois peu modéré :



    I've never been 100 percent clear on why you're not supposed to speak ill of the dead, but suffice it to say that while there were many more vile politicians in the world than the now-dead Jesse Helms they were pretty much all brutal dictators and the like. For a late 20th century United States Senator, Helms was just awful -- a bigot who's incredibly retrograde foreign policy views managed to do a surprising amount of harm for a non-president and he's probably responsible for all manner of ills I don't even know about. Good riddance.


    Et il précise ses griefs :

    John J. Miller on Jesse Helms:

    He "opposed civil rights"? Uh, no. He opposed a particular vision of them.

    Here's an ad Helms helped make for Willis Smith's 1950 Senate campaign against Frank Graham:

    White people, wake up before it is too late. Do you want Negroes working beside you, your wife and your daughters, in your mills and factories? Frank Graham favors mingling of the races.

    The "particular vision of civil rights" that Helms opposed was the vision in which African-Americans are permitted to work beside white people and in which the races are permitted to mingle.

    UPDATE: See also "The civil rights movement, as Dr. King calls it, has had an uncommon number of moral degenerates leading the parade". Helms, unlike today's National Review writers, didn't seem to have been confused about this. He, like National Review, opposed civil rights.



    Scott Lemieux :
    All condolences to his family but -- particularly given the media tendency to downplay these kinds of details when discussing Jim Crow politicians -- like Matt I'm not inclined to pretend that he was anything but an unrepentant racist and someone who consistently opposed any kind of civil rights or racial progress. The symbols that stick most prominently in my mind are his use of the blue slip to prevent the integration of the Fourth Circuit and "whistling 'Dixie' while standing next to Senator Carol Moseley-Braun." In fairness, he was consistent: he supported apartheid in South Africa almost as strongly as he supported it at home.


    Hertzberg :
    Far too late for it to do anybody any good, Jesse Helms has died. He has done so on Independence Day, which, since he was born too late to own slaves and in too liberal an age to allow him to outlaw sedition, will forever be his only resemblance to Thomas Jefferson and John Adams.

    (...)

    His support of the apartheid regime was of a piece with his enthusiasm for any dictatorship, no matter how brutal, that could plausibly be described as right wing. (He even supported the Argentine junta in the Falklands war with Britain.) He has crippled America's diplomatic corps, systematically starving the State Department of funds and capriciously blocking the confirmation of highly qualified ambassadorial nominees. But it is in his unrelenting hostility to international institutions that he has done his greatest and probably most lasting damage.


    Et enfin Sadly No! laisse la parole à Mark Twain.


    I didn’t attend the funeral, but I sent a nice letter saying I approved of it.


    Bon débarras, en effet. Si seulement son héritage ne se maintenait pas dans ce qu'est devenu le Parti républicain depuis la Stratégie sudiste dont il fut un des grands initiateurs, transformant les Dixicrats KKK en GOPistes.

    vendredi 4 juillet 2008

    Contes du Vampire (5)



  • 5e conte : Comment la fille eut à choisir entre trois prétendants

    A Ujjayinī, le sage brâhmane Harisvāmin cherchait un époux pour sa fille, la belle Somaprabhā. Il la promit à un premier prétendant, un brâhmane qui avait un grand pouvoir magique et qui pouvait faire voler un Char aérien (vimanā). L'épouse de Harisvāmin promit Somaprabhā à un second prétendant, un brâhmane doté d'une grande vertu guerrière. Le fils ainé de Harisvāmin promit sa soeur à un troisième prétendant, un brâhmane doté d'un grand Art et qui pouvait ainsi lire l'avenir. Mais alors qu'ils se disputaient chacun pour le mariage, Somaprabhā fut enlevée par un démon rākṣasaḥ. Le troisième prétendant se servit de son Art pour savoir où elle était, prise par le rākṣasaḥ nommé Dhūmraśikha dans les monts Vindhya. Le premier prétendant fit voler son Char aérien pour emporter les deux autres. Le second prétendant manifesta sa vertu guerrière, terrassa le rākṣasaḥ et délivra la belle Somaprabhā.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur est donc de savoir qui méritait d'épouser Somaprabhā

    La réponse du roi Trivikramasena / Vikramaditya, plus prévisible que lors du Second conte, est que le second prétendant, celui aux vertus guerrières, avait mérité l'épouse par son action, alors que l'art et la magie des deux autres n'avaient servi que d'auxiliaires, comme peuvent l'être l'astrologue et le charron.


  • Une fois de plus, tous les personnages sont des brâhmanes mais ont une superpositions de fonctions sociales. Le conte ne correspond pas exactement aux trois fonctions de Georges Dumézil (Magie-Souveraineté, Guerre, Santé-Fertilité). Le premier prétendant serait de prime abord lié à la fonction magique (mais pourtant sans souveraineté). Le second est encore plus explicitement la fonction guerrière. Le troisième serait plus lié à un savoir magique également, et son Art de pré-cognition ne peut pas vraiment se ranger dans la fonction de fécondité, à moins d'étendre cette expression d'Art vers une sorte de technique.

    J'hésite un peu où ranger le premier prétendant. Dans l'explication finale, Trivikramasena le compare à un simple "charron", ce qui le ramènerait à un classe sociale inférieure comme les "sūta" mais d'un autre côté, l'aurige a une fonction de souveraineté magique importante comme on le sait dans le Mahābhārata où le dieu Kṛṣṇa est le conducteur du char d'Arjuna.

    Plutôt qu'à une explication dumézilienne sur la souveraineté guerrière, je crois plutôt à une simple parabole "pragmatique" ou "anti-intellectualiste" comme dans le second conte : au commencement est l'Acte, l'Action compte plus que le savoir et l'art.

    jeudi 3 juillet 2008

    emplettes



    Je suis retourné acheter des comics après trois semaines d'interruption. Pour l'instant, je ne suis pas très impressionné par ce que je lis, à part à la rigueur le Coraline, adaptation (un peu morne peut-être) par le grand dessinateur P. Craig Russell du court roman de Neil Gaiman, qui est un assez bon hommage à Alice.
    J'ai aussi trouvé :

  • le Player Handbook de D&D4 d'occasion (qu'un acheteur avait revendu écoeuré à l'Oeuf Cube 24h après l'avoir acheté - comme l'a fait remarqué le vendeur : D&D4 n'est pas un jeu pour les rôlistes),
  • Dara Happa Stirs (une campagne pour Mongoose Runequest dans les cités solaires du nord qui sont dirigées par l'usurpateur Dragon-du-Soleil),
  • City of Gods (un scénario que je trouve à première lecture assez médiocre pour D&D Blackmoor : ce qui m'agace le plus est que les motivations des PNJs comme Saint Stephen ne sont jamais expliquées et ce qui était pardonnable en 1975 ne l'est plus aujourd'hui).


  • J'ai aussi acheté le cd par Ravi Shankar Chants of India pour l'ambiance de Bharatavarsa, mais je me rends compte que puisqu'il ne s'agit que de prières, le ton est un peu trop uniforme et doux pour les diverses situations dont on peut avoir besoin en cours de scénario, comme Menace ou Combat.

    Contes du Vampire (4)



  • Quatrième conte : Comment Vīravara se sacrifia pour son roi, qui le rendit ensuite à la vie

    Le grand et juste Roi Śūdraka règnait sur la cité de Śobhāvatī (qu'on identifie avec Niglihawa, à côté de Lumbini, aux bord de l'Himalaya au Népal). Il avait un garde brâhmane nommé Vīravara, qui était un modèle de loyauté. Un jour, Vīravara rencontra la Déesse Terre qui lui annonça que le Roi était destiné à mourir bientôt sauf si du moins Vīravara acceptait de sacrifier son propre fils Sattvavara à la Grande Déesse Caṇḍi (la Terrible Kālī) à la place de son monarque. Le fidèle Vīravara accepta, son épouse Dharmavatī fit de même et même le jeune Sattvavara consentit au sacrifice pour le bien du Royaume. Quand il fut immolé, tout le reste de la famille de Vīravara décida de l'accompagner dans le bucher. Mais quand le grand Roi Śūdraka découvrit ce sacrifice, il demanda à la Grande Déesse d'accepter sa tête en échange de la résurrection des loyaux brâhmanes. La Terrible Kālī fit alors revenir à la vie tous les sacrifiés et ne demanda pas la tête du Roi. Śūdraka offrit alors au Garde du corps fidèle un royaume et il en fit son égal.

    L'énigme du Vetāla-Narrateur est donc de savoir qui fut le plus courageux parmi tous ces gens.

    La réponse du roi Trivikramasena / Vikramaditya (qui inverse en quelque sorte celle du Premier conte sur le dharma du Roi) est que c'était Śūdraka, car la famille bien née de Vīravara n'avait fait que son devoir, alors que le grand Roi Śūdraka était allé bien au-delà de ce qu'on exigeait de lui en se sacrifiant pour son garde.


  • Un point essentiel du mythe que je ne comprends pas bien est pourquoi le Garde du corps est de classe sacerdotale brāhmaṇa et non pas de classe guerrière kṣatriya. Certes, seul un brâhmane peut pratiquer les rites du sacrifice, mais en ce cas, pourquoi est-il un "Garde du corps" et décrit comme une sentinelle martiale ?
    On remarque l'opposition totale entre l'épouse Dharmavatī (qui est presque enthousiaste dans son soutien au sacrifice) et le thème traditionnel de Sarah ou Clytemnestre qui refusent le sacrifice exigé par leur mari.

    mercredi 2 juillet 2008

    Le défilé du Juggernaut



    Miss Myosotis m'a proposé d'aller voir le Ratha Yatra de Paris qui aura lieu ce dimanche 6 juillet depuis la Place de Stalingrad. Le festival de Procession du Chariot est dédié en Inde au dieu Jagannath, un aspect bénéfique de couleur sombre de Kṛṣṇa (lui-même l'Avatar suprême du dieu Viṣṇu), qui est adoré dans la cité de Puri, dans l'Orissa sur la côte est de l'Inde.

    Dans le reste du monde, ce festival du Ratha Yatra est en fait récupéré par la secte Haré Krishna du gourou Prabhupada (1896-1977).

    Le Ratha Yatra de Londres a eu lieu le week-end dernier et il est bien sûr bien plus imposant que celui de Paris. On peut quand même voir des images de la Procession de Paris de l'an dernier.