mercredi 19 septembre 2007

Fortunate Son


J'essaye de combler mon ignorance de la musique pop (je ne connais guère que les Beatles, Simon & Garfunkel, les Beach Boys et Supertramp). Je vais m'amuser à suivre à peu près cette liste des 100 chansons du siècle de Rolling Stones pendant quelques temps (mais je vais en sauter certaines arbitrairement).

Nous commençons par la #99, Fortunate Son par les Creedence Clearwater Revival. Je ne trouve pas la chanson très jolie mais il faut reconnaître que les paroles sont assez frappantes.

Nous sommes en septembre 1969. Cela fait un an que Nixon a gagné les élections et le pays est au sommet de la Guerre du Viêt-Nam (il y a 550 000 Américains sur place), juste au moment où l'opinion va se retourner sur le sujet de la guerre (la majorité la soutient encore à l'été). Il y eut 16 000 morts en 68 et 11 000 en 69. L'Amérique a encore une loi de Conscription qui sera abandonnée en 1973 et elle engendre des sentiments d'inégalité et de frustration puisque des jeunes gens qui vont à l'Université réussissent à obtenir des exemptions ou des moratoires.

En 1967, deux des chanteurs du groupe californien Creedence Clearwater Revival John Fogerty et Doug Clifford avaient été appelés tous les deux à 21 ans, ils avaient pu temporiser dans la Réserve pendant six mois en restant sur le territoire américain avant d'obtenir une exemption médicale.


Bien que chantant un blues du Sud relativement loin de la mode psychédélique de 1969, la sortie de Fortunate Son va être un de leurs plus gros succès. Elle symbolise non seulement l'hostilité contre la Guerre mais aussi pour une fois un peu de la lutte des classes à cause des écarts de traitement entre les George Bush fils (même si le groupe n'en avait pas entendu parler) et les autres.

John Fogerty a dit qu'il pensait au Fils doré par excellence à l'époque, David Eisenhower (né en 48), le fils du Président Eisenhower (1952-1960), le David qui donna son nom au célèbre "Camp David" (résidence secondaire du Président à 100 km de Washington, DC). David Eisenhower venait d'épouser à 20 ans la fille du nouveau Président Nixon (qui était le vice-Président d'Eisenhower) pendant Noël 68 et il alla lui aussi dans l'Armée de Réserve comme Fogerty (mais en Méditerranée), devenant ainsi un symbole de certains privilèges même en démocratie.

La chanson a gardé cette violence insolente et ce ressentiment même 40 ans après en cette époque où les Chickenhawks comme Bush, Cheney ou Rumsfeld envoient les fils des plus modestes vers une guerre encore plus vaine que celle du Viêt-Nam.




Some folks are born made to wave the flag,
Ooh, theyre red, white and blue.
And when the band plays "Hail to the Chief",
Ooh, they point the cannon at you, lord,

It aint me, it aint me, I aint no senators son, son.
It aint me, it aint me; I aint no fortunate one, no,

Yeah!
Some folks are born silver spoon in hand,
Lord, dont they help themselves, oh.
But when the taxman comes to the door,
Lord, the house looks like a rummage sale, yes,

It aint me, it aint me, I aint no millionaires son, no.
It aint me, it aint me; I aint no fortunate one, no.

Some folks inherit star spangled eyes,
Ooh, they send you down to war, lord,
And when you ask them, how much should we give?
Ooh, they only answer more! more! more! yoh,

It aint me, it aint me, I aint no military son, son.


Snopes mentionne une rumeur fausse : le "fils du Sénateur" mentionné n'est pas Al Gore (ni George W.).

Pour mettre quelques autres chansons des Creedence Clearwater Revival.

Proud Mary (paru en 1969 mais Fogerty dit que ce fut la première chanson qu'il écrivit en 67 après avoir quitté le Service militaire, paroles) : une chanson fluviale qui imite le R&B du Mississipi avec ses bâteaux à aube ("Rollin', rollin', rollin' on the river"). J'aime bien le passage modal "And I never lost one minute of sleepin', Worryin' 'bout the way things might have been".



Bad Moon Rising, 1969, paroles.



"Who'll Stop the Rain?" (1970, paroles) est une chanson plus métaphorique et allusive sur le Vietnam.



En 1971, le frère aîné de John Fogerty, Tom, se lassa du contrôle de John sur CCR et quitta le groupe. John continua pendant quelques temps avec ses amis Doug Clifford et Stu Cook mais le groupe CCR fut finalement dissous en 1972 quand les deux autres ne purent supporter l'autorité du dirigeant.

3 commentaires:

Samuel a dit…

Je fais moi aussi une mise à jour Pop/Rock et je te recommande deux groupes canadiens contemporains : The New Pornographers et The Arcade Fire.

Phersv a dit…

Merci ! J'ai en effet besoin de recommandations pour élargir les vidéos sur YouTube sans quoi je reviens tout le temps sur la même chose. Dans les Canadiens, j'aime bien les Barenaked Ladies, découverts grâce aux parodies qu'en faisiat Weird Al Yankovic.

Arasmo a dit…

Décidément, ce blog est un trésor ! si tu aimes CCR, tu as dans le même genre les Buffalo Springfield et Sponky Tooth.