jeudi 30 avril 2015

Abe

Je me rends compte que je n'ai plus parlé du Japon depuis 8 ans. Donc reprenons le temps perdu.

On rappelle que la démocratie japonaise a autant d'alternance qu'une dictature normale. Ou que la République italienne de l'après-guerre.

Si on prend le Parti au pouvoir depuis la mise en place du processus moderne, cela donne en effet :

* 1947-1948 Un Premier Ministre du Parti socialiste japonais, Tetsu Katayama, sous la tutelle de l'occupation américaine avant que la Guerre froide ne chasse les socialistes du pouvoir pour 47 ans.

* 1948-1993 16 Premiers Ministres du Parti libéral ou Parti libéral-démocrate (Jiyū-Minshutō, abrégé en Jimintō, qui n'est, comme dans la blague, ni libéral ni démocrate, mais protectionniste et oligarchique)

* 1993-1996 Crise parlementaire qui amène au pouvoir enfin une coalition d'opposition, avec d'abord l'éphémère "Nouveau Parti" (en gros, des ex-Libéraux démocrates en alliance avec la gauche, 2 Premiers Ministres) et ensuite la gauche avec un Premier ministre socialiste, Tomiichi Murayama (qui mit en place notamment le congé parental et fut le Premier ministre qui présenta pour la première fois des excuses pour les atrocités commises par les Japonais pendant la Guerre). Le Parti socialiste a fortement décliné depuis ce court mandat.

* 1996-2009 Retour des Libéraux-démocrates (Jimintō) avec 7 Premiers ministres, dont notamment le charismatique Junichiro Koizumi (2001-2006, presque un record de longévité, en tout cas à l'époque récente) et déjà l'actuel Shinzō Abe (2006-2007).

* 2009-2012 Le Parti démocrate (Minshutō) plus centriste bat les Libéraux-démocrates (avec l'originalité qu'ils avaient gagné dans la Chambre haute avant de gagner dans la Chambre basse de la Diète). 3 Premiers ministres : Yukio Hatoyama (bien que centriste, peut-être l'homme le plus à gauche qui ait marqué la politique japonaise durablement par ses réformes), Naoto Kan et Yoshihiko Noda. La catastrophe de Fukushima a lieu pendant leur gouvernement, en 2011 et ne fut pas particulièrement bien gérée par Kan et Noda.

* 2012-à nos jours : retour de Shinzō Abe du Minshutō. Il a une très vaste majorité : 291 sièges (61%) sur 475, + 35 voix du Kōmeitō, qui est assez indiscernable idéologiquement (en dehors du fait d'être issu d'une secte bouddhiste).

Abe, 61 ans, incarne une aile assez à droite du PLD, il est très nationaliste (encore plus que d'habitude dans le Parti libéral-démocrate) et il mène une politique conservatrice qui voulait lutter contre l'endettement majeur du pays tout en permettant un plan de "stimulus" et un assouplissement monétaire (le Dollar est passé de 75 Yens à 120 Yens en trois ans). Le résultat semble pour l'instant être un échec de la lutte contre la Déflation (piège central de l'économie japonaise depuis 25 ans), notamment à cause de la forte hausse de la TVA qui a encore contribué à faire s'effondrer la consommation.

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