jeudi 1 janvier 2015

Doom Patrol (8) Doom Patrol vol. 1, n°86

prologue#80#81#82, #83, #84, 85.


Mars 1964. 7e épisode de la Patrouille par Drake et Premiani et My Greatest Adventure change de titre pour prendre celui de son équipe de superhéros, en abandonnant sa fonction d'anthologie fantastique (même si cela ne change pas immédiatement : il y a 17 pages pour la Patrouille, plus 8 pages d'une histoire en "featurette"). Cela m'amuse toujours d'opposer cette époque où on continuait souvent des numérotations précédentes alors qu'aujourd'hui la spéculation de collectionneurs multiplie les numéros 1.

J'ignore s'il y avait à cette époque un coût suppémentaire à créer de nouveaux numéros 1 mais il se peut aussi que les éditeurs redoutaient simplement qu'un numéro 1 paraisse peu "fiable". DC - ou National Comics comme on les appelait aussi - avait alors la coutume de mettre de nouvelles histoires dans un magazine qui n'était consacré qu'à être la "vitrine" des de ce genre d'expériences de l'éditeur, Showcase où commencèrent Flash en 1956, les Challengers of the Unknown en 1957, Adam Strange en 1958, Rip Hunter et Green Lantern en 1959, Atom en 1961, Metal Men en 1962, ou les Inferior Five en mai 1966. Quand DC commença la nouvelle série Flash de l'Âge d'Argent, ils reprirent la numérotation de la série de l'Âge d'Or au numéro 105, comme si près d'une décennie ne s'était pas écoulée entre les deux numéros.

Synchronicité
C'est aussi dans cet épisode qu'a lieu une des plus célèbres coïncidences avec les X-Men : en ce même mois de mars 1964, la Doom Patrol affronte l'équipe de supercriminels qui va les poursuivre jusqu'à leur mort, la Brotherhood of Evil, et les X-Men rencontrent pour la première fois l'équipe de Magneto, la Brotherhood of Evil Mutants.

La Confrérie du Mal de la Doom Patrol est décrite comme un syndicat international mais sans but idéologique (malgré le nom de "Madame Rouge") alors que la Confrérie des Mauvais Mutants a une ambiguïté entre un mouvement terroriste / sécessionniste pro-mutant et le bras armé des ambitions personnelles de Magneto (puisque Magneto est encore décrit à cette époque comme cynique dans son suprémacisme pro-mutant).

La Confrérie du Mal est basée à Paris et compte trois membres : le Cerveau (qui vit dans une cuve et sans corps), Madame Rouge (une enseignante d'une école privée, dotée de capacité de déguisement qui vont devenir par la suite un superpouvoir dans le #90), Monsieur Mallah (un gorille rendu intelligent par Le Cerveau pour qui il montre une certaine dévotion - Grodd, l'autre gorille intelligent maléfique de DC avait été créé dans Flash n°106, avril 1959).  On n'expliquera jamais pourquoi Le Cerveau préfère rester sans corps alors qu'il semble avoir la technologie pour imiter Robotman.

La Confrérie des Mauvais Mutants a 5 membres aux pouvoirs plus spectaculaires : Magneto, le Crapaud, Mastermind (qui fut traduit "Le Cerveau" en français !), Vif-Argent et la Sorcière Rouge. Dans cette première apparition, Magneto prend le contrôle d'une république d'Amérique latine, "San Marco", avec les pouvoirs d'illusionniste de Mastermind.

Autre coïncidence entre ces deux numéros : la Patrouille fait un gâteau d'anniversaire pour le Chef en ignorant sa date de naissance (et dans une scène très mièvre, ils tombent juste par hasard...)  et le Professeur Xavier fait un gâteau pour Marvel Girl pour célébrer les progrès de ses élèves.

Synopsis
Un criminel nommé Morden a volé un robot géant appartenant au gouvernement américain, "Rog" pour passer une épreuve pour entrer dans la Confrérie. Le Chef explique qu'il avait fabriqué Rog pour un projet d'exploration lunaire (on a déjà vu la station Moon City dans le n°82). Morden tente de s'en servir pour voler la Statue de la Liberté mais Elasti-Girl vainc le Robot.

Morden ne sera pas recruté par la Confrérie à la fin de cet épisode (Rog revient dans le n°93) mais il réapparaîtra 25 ans plus tard chez Grant Morrison dans Doom Patrol (vol. 2) n°26 (sept. 1989) comme Mr Nobody, fondateur de la nouvelle version avant-gardiste, la Brotherhood of Dada (et sans trop spoiler, il réapparaît dans un rôle majeur à nouveau dans la récente série Doom Patrol, vol. 5 en Mr Somebody).

Quant à la Confrérie du Mal, elle fusionnera par la suite avec les opérations du Général Immortus (#96), ce qui aura le défaut de mettre la Patrouille presque toujours contre les mêmes adversaires répétitifs. Cet épisode fait d'ailleurs déjà un peu d'anticipation en annonçant le secret de la vraie apparence horrible de Negative Man (#87) et des Origines Secrètes du Chef (#88).

Featurette : "A Medal for Go Buggy 3" (écrit et dessiné par Howard Purcell)
L'astronaute, Major Scott Reed, tombe dans le Pacifique. Un Japonais irradié par un test nucléaire arrive alors sous la forme d'une tornade vivante et se fait passer pour Reed pour être ramené en Amérique et se venger de ce pays. Scott Reed s'irradie volontairement et acquiert les mêmes pouvoirs que le Japonais Nagawa. Il réussit à vaincre l'Homme-tornade et prend un antidote pour redevenir normal. Il y a peut-être une influence d'Ulthoon (the Tornado Tyrant) de Mystery in Space #61, 1960, qui devint bien plus tard le héros Red Tornado en 1968.

Ce numéro ne fut à ma connaissance jamais traduit en français.

Arédit commença sa traduction de la "Patrouille Z / Patrouille du Destin / Patrouille Maudite" seulement à partir du n°89, donc le dixième épisode de la Doom Patrol (dans Spectre n°1, avril 1967).

Pour ceux qui s'intéresseraient aux traductions françaises et les sources les plus obscures de l'Âge d'Or et de l'Âge d'Argent, je viens de découvrir, en googlant la Patrouille Z, les chroniques du très érudit Jean-Michel Ferragati chez ComicBox qui a déjà fait plusieurs articles sur la Doom Patrol : numéro 133, numéro 151 (sur la Confrérie du Mal), numéro 192 (sur Arnold Drake), numéro 193 (comment X-Men #9 semble imiter Doom Patrol #88), numéro 209 (avec les débuts de Mento dans le #91).

Uncanny X-Men n°4 fut traduit par LUG dans Strange n°4 (avril 1970) avec la célèbre couverture de Jack Kirby.

Chris Claremont aura plus tard la bonne idée de changer le nom de la Confrérie des Mauvais Mutants en "Freedom Force".(Uncanny X-Men n°199, 1985), ce qui paraît plus porteur pour un mouvement de mutants qui se veut "idéologique". Louise Simonson sera encore plus explicitement politique avec un "Front de Libération des Mutants (M.L.F.)" dans The New Mutants #86 (1990).

La Brotherhood of Evil aussi essaya brièvement un nouveau nom mais avec des connotations toujours aussi "immoralistes" dans un épisode (New Titans Annual n°6, 1990) "Society of Sin" qu'ils abandonnèrent aussitôt. On comprend mieux pourquoi Morrison va apporter cette Confrérie de DADA en mélangeant sans doute ce qu'il connaissait du surréalisme français à la place de cette sorte de culte mafieux trop manichéen.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Nicieza fera dire au Crapeau (dans les 90's) que choisir de s'appeller "confrerie des mauvais mutants" etait volontairement ironique.