mercredi 26 novembre 2008

Le mythe de la tolérance polythéiste



Autant le livre de Daniélou sur l'Hindouisme m'a au moins guéri du dogme sans fondement que le Monothéisme serait nécessairement plus rationnel ou plus "évolué" dans son abstraction que le Polythéisme, autant le mythe politiquement correct de la "tolérance" des religions polythéistes doit être nuancé. Ce n'est pas parce qu'on croit à plusieurs dieux qu'on est nécessairement pluraliste et ouvert à une pluralité de conceptions et rituels sur ces dieux.

Dans cet article (sur l'effrayant soutien de l'ONU à des projets de Loi anti-Blasphème que les pays musulmans ont fait passer, avec le soutien du Vatican, de la Russie et de la Chine et malgré l'opposition des démocraties occidentales qui essayaient vainement de défendre la thèse fondamentale du Libéralisme politique qui est que les religions ne peuvent pas être des personnes ayant des "droits") :

A lot of the violence in India dealing with Hindus and Christians is being spurred on by accusations that Hindu gods are being defamed, while there are also cases against artists in India for depicting Hindu gods in modernist way.”


On pourrait dire que le polythéisme va mieux s'harmoniser avec un relativisme sur la vérité et que les Polythéistes peuvent mieux accepter de faire cohabiter plusieurs "aspects" à l'identité précaire ou semi-contradictoire.

Cependant, en droit, un Dieu transcendant unique pourrait tout aussi bien rendre possible un relativisme, selon la parabole des Aveugles et de l'Eléphant. L'Absolu indicible permet plusieurs approches, ce qui serait l'échappatoire "universaliste-unitarien". Cela a rarement été le cas à part dans quelques formes de scepticisme religieux qui s'inversent vite en fidéisme puisque quand on commence à dire que Dieu est trop au-delà de notre raison, cela revient ensuite plus à humilier la possibilité de la connaissance qu'à mettre en doute les croyances (c'est ainsi qu'on passe du pyrrhonisme montaignien au fanatisme pascalien).

Le Monothéisme a pu tuer Giordano Bruno pour des raisons religieuses (plus que scientifiques) mais après tout le Polythéisme des Dieux de la Cité démocratique a bien tué Socrate.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

D’autant que le polythéisme hindou peut aussi se rendre responsable de véritables "pogroms anti-musulmans [tels ceux qui ont eu lieu] dans l'Etat du Gujerat en 2002, [et] qui ont fait environ 2 000 morts."
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/11/27/l-inde-confrontee-a-la-montee-du-radicalisme-islamiste_1123627_3216.html#ens_id=1123577

Phersv a dit…

Oui, mais en l'occurrence dans les violences interconfessionnelles de ce type activées par le BJP et les partis nationalistes hindous, la violence religieuse se mêle d'un prétexte national (seul un Hindou serait un "vrai Indien" et les Musulmans seraient des agents de l'étranger, du Pakistan ou d'ailleurs) et peut-être aussi de la haine contre les basses castes (puisqu'on peut imaginer que les anciennes basses castes forment un nombre important de ceux qui se sont convertis à l'Islam ou au Christianisme depuis les invasions mogholes).

Je n'aime pas reprendre le terme d'islamophobie parce que certains islamistes instrumentalisent le terme mais il est vrai que si à l'heure actuelle les Chrétiens d'Islam comme les Coptes souffrent plus que les Musulmans, on peut craindre un jour devant le dynamisme de l'Islam et le problème théologico-politique de la Charia des massacres de masse des Musulmans dans certaines zones de frontière comme l'Inde, l'Afrique, la Bosnie à nouveau ou peut-être même ailleurs (les Mandchous avaient déjà commencé des massacres de certaines ethnies musulmanes à l'époque de l'Empire Qing).