mardi 30 septembre 2008

"Socialism for the Rich"



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"Du Socialisme pour les Riches", ce "résumé" très répété du Plan Paulson était un vrai test de Rorschach (un peu comme "Corporate Welfare" chez Nader, qui mélange la critique des oligarchies à la méfiance contre l'interventionnisme) : les Démocrates s'effrayaient de toute l'expression mais finalement ce furent les Républicains qui furent saisis seulement par le premier terme. Ils viennent donc de s'opposer directement aux voeux des prêtres de Mammon à Wall Street dont il sont le Bras séculier. Et ainsi un Plan d'une Administration républicaine, soutenu par le Parti, le Président et le candidat présidentiel, et qui était censé faire un consensus bipartisan, fut refusé par la (les deux tiers de la) minorité républicaine.

Si on regarde le détail des votes à la Chambre des Représentants, on voit que le NAY a eu 52%, mais 67% des Républicains ont voté Non (133 contre 65, ils ont 46% de la Chambre) alors que 60% des Démocrates ont voté Oui (140 contre 95). Les Républicains les plus conservateurs ont encore plus voté contre le Plan, notamment dans les circonscriptions plus disputées où ils redoutent plus d'effrayer leur base énervée par les shock jocks à la radio.

Le Parti de la Cupidité est tombé dans une sorte de "Paradoxe du Prisonnier" où la majorité des Représentants Républicains a préféré ce qu'ils percevaient comme leur intérêt individuel, mettant en danger à la fois le succès de leur candidat présidentiel et l'image des Républicains en général, ce qui pourrait finir par leur nuire individuellement. Joli acte de seppuku.

Certains "progressistes" voulaient ajouter au Plan dit de sauvetage de Paulson un plan d'aide aux ménages (voire de semi-"nationalisation" en contrepartie, le "Plan suédois"). Les Républicains s'auto-caricaturèrent en proposant d'injecter un plan de baisse des impôts sur les capitaux, prouvant qu'il n'y a jamais une occasion de ne pas alléger la charge des plus nantis.

Drum (démocrate modéré) a l'air paniqué, DeLong dit d'en profiter pour faire un Plan plus ambitieux avec prises d'actions et Krugman pense que politiquement les Démocrates ne pouvaient pas vraiment améliorer le Plan.

Yglesias, pourtant très peu marxisant, avait un argument qui pourrait justifier une prise de risque (même si sa reprise ironique du thème du "no-blinking" est discutable) :


But it seems to me that if a rescue is really as necessary as informed observers think, then why shouldn’t the GOP’s friends in the business community have forced them to go along?

Financial services firms might have been strongly opposed to a Swedish-style scheme, but most companies (of course) aren’t financial services firms for them the strong interest is just in having something done rather than nothing. At the end of the day, I think the Democrats had the strongest hand and just blinked at the thought of going “all-in” with it.


Une explication est peut-être que l'idéologie républicaine est devenue plus rigide encore que l'expression des intérêts financiers qu'elle doit servir à "habiller". Les Républicains n'ont aucun problème avec le fait que des financiers richissimes et incompétents reçoivent plus d'argent (à la rigueur ils auraient trouvé quelques boucs-émissaires qui donnaient plus aux Démocrates) mais ils ont été rattrapés par leur discours où ils prétendent ne pas aimer (être vus) en distribuer.

Mais le Parti républicain continuera sa spirale descendante en disant que les vrais responsables de toute la Crise sont les Noirs.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne suis pas sûr que la direction démocrate soient vraiment en mesure de proposer le fameux plan suédois dans la mesure où elle risquerait d'être désavouée elle aussi par une partie de ses troupes (la partie la plus conservatrice) comme le dit bien Ezra Klein (qui m'énerve pourtant assez souvent).

Phersv a dit…

Oui, l'opinion de Krugman me paraît aussi plus réaliste. Je crois que dans les 40% des Démocrates qui ont voté Non il y avait bien plus de "populistes conservateurs" de circonscriptions disputées que de "populistes progressistes" qui souhaiteraient une nationalisation. Et le nouveau Plan fignolé par Harry Reid (lui-même très modéré) a l'air de chercher plutôt à amadouer les Conservateurs des deux partis.