samedi 14 juin 2008

Sans dé



  • Erik Wujcik (1951-2008) fut le créateur du premier jeu de rôle sans dé, Amber, où on jouait des Princes héritiers dans le monde créé par Roger Zelazny et à l'occasion de sa mort, j'ai l'occasion de jouer à deux jeux sans dé : Nobilis et Abyme. Dans Nobilis, je jouais le dieu du Rire et il y eut une bonne scène où j'étais en duel face à l'incarnation du Désespoir (qui avait l'apparence d'un élève japonais suicidaire). Dans Abyme, je joue une aristocrate méduse, dont les serpents secrètent un somnifère et nous enquêtons sur l'assassinat d'ambassadeurs. Les deux parties furent agréables mais quel que soit le talent du Narrateur, je continue à être très attaché aux dés polyédriques et à cet élément ludiste de l'imprévu.

  • Le jeu de rôle n'avait plus de périodique version papier depuis quelques années avec la fin de Casus Belli (fondé en 1980, première disparition en 1999, seconde en 2006). L'éditeur Black Book (qui publie le jeu de pirates Pavillon Noir) a le magazine Black Box qui a eu une périodicité très irrégulière pour l'instant, le n°2 en juin 2006 et le n°3 en juin 2008. Les rôlistes manquent cruellement d'un tel magazine qu'on puisse lire dans le train, même si l'Internet informe maintenant nettement plus rapidement pour les Nouvelles et les Critiques.

    Ce mois-ci paraissent deux nouvelles revues bimestrielles : Dragon Rouge et Jeu de rôle Magazine, qui tentent de manière différente de reprendre le flambeau de Casus Belli.

  • Dragon Rouge n°1 (6,25€, 80 pages) est le plus professionnel et le plus illustré en couleurs. De même que Casus Belli était lié à Jeux Descartes & Excelsior (puis MultiSim dans la seconde période) et Backstab fut lié à Asmodée / Halloween Concept/ Darwin Project (et censurait paraît-il au début les produits publiés par leurs ennemis de chez MultiSim), Dragon Rouge est publié par la compagnie française PlayFactory, qui traduit des jeux de société et la 4e édition de D&D.

    Etant donné l'actualité et la publication mondiale de D&D le 6 juin 2008, une majorité de ce numéro 1 peut sonner un peu comme un publireportage pour ce plus célèbre des jeux de rôle. Il y a des articles un peu dithyrambiques sur le nouveau système, des conseils pour créer un personnage, des plans et scénars officiels pour D&D, mais le magazine reste assez indépendant pour mentionner d'autres jeux - un scénario pour Polaris, le jeu français sur une Terre future submergée par les eaux.

    L'équipe a d'anciens membres de Casus comme A. Cuidet comme rédacteur en chef et Igor Polouchine (le créateur du très bon jeu Shaan, 1996) comme directeur artistique, ce qui explique la réussite formelle.

    Même si D&D ne m'attire pas tellement, je crois plutôt sain que le plus célèbre jeu garde une fonction fédératrice (il est probable que les deux tiers des rôlistes ne jouent en fait qu'à D&D), et donc qu'il ait son propre magazine francophone (tout en restant plus ouvert que White Dwarf par exemple). Même aux USA, la version papier de Dragon s'est arrêtée et est passée en ligne mais il y a certains nouveaux joueurs qui peuvent encore être séduits par le support matériel.

  • JDR Magazine n°1 (5,95€, 80 pages) est édité par une association de rôlistes bénévoles mais a une présentation pro et paraît même en kiosque.

    Ce numéro 1 a surtout un dossier sur les deux plus importants jeu de rôle en France en dehors de D&D, Warhammer et Cthulhu (qui va avoir une renaissance maintenant que l'oeuvre de Lovecraft est entrée dans le domaine public). Il y a beaucoup de critiques de jeux français (le jeu de superhéros Humanydyne, le jeu fondé sur les figurines Cadwallon, le jeu fantastique japonais Kuro, le jeu sur des croisades fantastiques Capharnaüm, et deux jeux antiquisants Oikoumene et Praetoria Prima).

    Il propose aussi un système de jeu de rôle très simplifié, UnDéSix, par le rédacteur en chef Guillaume Besançon. Casus avait proposé le simplissime R.O.L.E.. UnDéSix a 4 caractéristiques (Physique, Dextérité, Savoir, Sens) tirées avec 1d6 et la résolution des actions consiste simplement à faire moins que son score sur le dé.
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